Mali: la guerre sémantique, l’emballement médiatico-émotionnel

Il est des sujets très difficile à appréhender au Mali, tant tabou sont-ils. Refoulé, caché, enfouis le rapport au sexe traduit un malaise, pire un mal-être de notre société. Doit-on faire profiter nos progénitures d’éducation sexuelle. À l’évidence oui mais comment ? Un projet de loi tentait de répondre à cette question. Aussi maladroit fut-il, nous devons considérer la question, trouver les réponses internes en conformité avec nos valeurs sociales. Pour cela j’entends cet ami me dire: penser par nous même.

Notre aise à expliquer le monde à nos enfants traduit notre capacité de faire face à ce qui le compose. Le sexe c’est le petit mal propre: « ne touche pas à ton sexe c’est haram, ne me parle pas de sexe c’est interdit ». Comment peut-on respecter quelque chose qu’on ignore ? Le haro de la semaine est le mot le plus refoulé au Mali, l’homosexualité.

Ce seul mot retenu dans l’ensemble du projet de loi vient aliéner à nouveau une condition, celle de la femme. Nous vivons en lien avec le monde extérieur nos lois de protections des genres doivent être en adéquation avec les engagements du respect des droits de la personne. Chacun à son seuil de Tolérance. Pour autant nous allons continuer à faire semblant ? Il est évident que les rédacteurs de l’actuelle mouture qui ont pondu texte le fait souffrir du manque de pédagogie, tout est question de mot et de représentation des paradigmes y figurant.

Ma grande frustration de la semaine se trouve une question aussi capitale dans notre société: celle de la protection, de la petite fille, de la femme, de la mère de la veuve, de la grand-mère. Voilà que les médias maliens révélaient il y’a quelques semaines que la femme malienne qui a travaillé toute sa vie ne laisse pas de capital décès à sa famille. Qu’aucune loi ne la protégeait à ce niveau. Il faut commencer par le respect de son corps pour arriver au respect de ce qu’elle possède. Son corps, elle doit le posséder.
Voilà qu’on en vient à étouffer un autre mal-être de notre société, la femme et de la question de sa protection.

La femme malienne, du berceau à son 3e âge n’est pas protégée. Il se trouve qu’au destin de la proposition de loi qui a subi le recul du premier ministre malien sur la question, est scellé le destin de la femme malienne. S’emparer d’un champ sémantique pour en étouffer un sujet aussi important qu’est le respect du corps de la femme me semble aberrant, incompréhensible intolérable. Oui chaque individu mérite respect de son corps. Le dire est-ce se pourfendre d’un blasphème non je ne crois pas.

L’homosexualité existe depuis que le monde est monde. Le dire ne l’accepte pas mais chaque corps mérite respect. Le propos de cet article se trouve principalement sans l’incompréhension de cette propension de s’emparer de sujets mineurs pour déplacer le débat. La réforme du système scolaire est une priorité plus qu’urgente, créer une adéquation entre l’offre de formation et l’emploi est diligente, la protection de la fille, femme, mère par une législation appliquée est s’en révèle au même titre. Protéger la personne humaine dont la vie se trouve en danger quelque soit son sexe relève de l’humanisme qui conduit à légiférer. Enseigner aux enfants du primaire les orientations sexuelles alors qu’on peine à faire respecter les lois fondamentales de la protection des couches sociales les plus fragiles que l’organisation sociale fragilise courbe l’échine à de telle initiative.

Je déplore le retrait de cette loi pour la simple cause qu’une des stratégies prévoyant de protéger en totalité la fille, la femme, la mère soit ainsi envoyer au pilon avec ce projet. Ceux qui ont été payés comme consultants lors de la rédaction du texte, devront pouvoir relire leur copie afin d’y insérer les préoccupations précitées en tenant compte des urgences, surtout maîtrisant la psychologie sociale du Mali qui ne doit être compromise avec l’argent des études payé par des bailleurs. De quoi parle-t-on, chaque projet échoué est un temps manqué à l’édification des fondamentaux.

Avec ce retrait du texte le droit de la femme recule et nous assistons à une unième tentative de faire échouer toute loi en faveur de la femme. Je déplore l’emballement médiatico-émotionnel empêchant toute réflexion objective dépourvue d’intérêt personnel. Je déplore cette systématique récupération poltico-religieuse parfois liberticide qui entrave à tout avancement d’un pays laïc sans que les lobbistes religieux ne se mettent en branlent. À ces derniers nous pouvons leur dire de se mobiliser pour que la crise qui éprouve notre cher Mali cesse. Nous leur demandons humblement de faire avancer le Mali en faisant avancer la fille, la femme, la mère.

Dia Sacko

www.diasporaction.fr