Mali: GREVES DES ENSEIGNANTS L’éducation bradée, le droit de grève bafoué

A l’appel de 5 syndicats de l’éducation de base et du secondaire, les enseignants ont marché le mercredi 6 mars dans plusieurs localités du Mali, pour accentuer la pression sur le gouvernement afin qu’il se plie à leurs doléances. Parmi celles-ci, les syndicats semblent beaucoup tenir à la prime de logement. Raison de plus pour le gouvernement pour casser tous les statuts particuliers afin de se mettre à l’abri du chantage syndical qui frise souvent la manipulation politique.

Aujourd’hui, il faudrait un miracle pour espérer sauver l’année scolaire 2018-2019. Certains observateurs pensent que même un miracle ne pourrait nous conduire à une telle prouesse.  Et cela parce que les 5 syndicats de l’éducation de base et du secondaire sont déterminés à garder l’école en otage tant que leurs revendications ne sont pas entièrement satisfaites.

Campé sur ses positions, le gouvernement n’aurait d’autres choix que de céder et s’exposer à d’autres revendications catégorielles. Si l’exécutif cède par exemple sur l’octroi des primes de logement auxquelles les enseignants tiennent plus qu’à l’avenir de nos enfants, tous les fonctionnaires peuvent l’exiger désormais. Et cela même s’il leur faut revendiquer en même temps un statut particulier brandi par les syndicats de l’éducation pour légitimer leur chantage.

En tout cas, les enseignants ont été nombreux à battre le pavé mercredi dernier pour revendiquer leurs droits et dénoncer l’attitude de la ministre Diarra Racky Talla  jugée «offensante» face à la gestion des problèmes que traversent les enseignants. Des doléances pour lesquelles ils ont déjà observé pas mal de grèves sans obtenir gain de cause. Si l’on se réfère aux pancartes et menaces proférées lors de la marche du 6 mars 2019, l’octroi d’une prime de logement est sans doute la condition sine qua non pour que les «gens-saignants» reprennent la craie.

Pourquoi tiennent-ils tant à cette prime ? Le statut particulier est-il la porte ouverte à toutes les revendications ? Loin de nous la volonté de jeter la pierre à une corporation ! Mais, ces syndicats ne tirent-ils pas trop sur la corde au point de sacrifier l’avenir de nos enfants et bafouer voire discréditer leur lutte ?

Une prime est une somme versée à un salarié, mais distincte de son salaire habituel. Elle présente donc un caractère relativement exceptionnel, même si sa périodicité peut être annuelle voire mensuelle. Elle vient donc en supplément du salaire habituel et a souvent pour objet de récompenser le salarié pour avoir accompli une performance jugée satisfaisante (prime au mérite, prime d’assiduité ou de ponctualité) ou pour compenser une difficulté particulière des fonctions dévolues à ce salarié (prime de risque ou prime de sujétions particulières).

Mettre fin au privilège des statuts particuliers

Elle peut aussi constituer simplement une rémunération exceptionnelle (prime de fin d’année ou «treizième mois»). Elle peut également être octroyée aux personnes qui bénéficient des aides de l’État (prime de rentrée, prime de Noël).

Au Mali, les primes et les indemnités peuvent être classées en deux grandes catégories. Il y a ainsi les primes et les indemnités obligatoires ou facultatives.

L’une des difficultés majeures du gouvernement est liée aux «Statuts particuliers» qui accordent des avantages dus ou indus. Et il suffit de mettre la pression sur les autorités par des grèves incessantes pour obtenir gain de cause. Ce qui doit cesser maintenant. Quel que soit le prix à payer, il faut mettre un frein  et détruire la jungle que les syndicats sont en train de bâtir autour des statuts particuliers.

Avec ces traitements exceptionnels (statuts particuliers) qui est finalement un fonctionnaire ordinaire au Mali ? Ou qui veulent le rester encore ? Il faut mettre fin à tous ces statuts particuliers en ramenant tous les travailleurs dans le Statut général et en revoyant les conditions de travail au bénéfice de tous. Il ne faut pas se voiler la face, la plus belle femme du monde ne peut donner que ce dont elle dispose.

Le Trésor public ne pourra pas à la longue supporter toutes ces primes et indemnités. D’ailleurs, la limite semble être déjà atteinte. Le gouvernement est pris à la gorge par l’intransigeance des syndicats d’enseignants qui pensent que leurs intérêts priment sur l’avenir de la nation.

Et ce sont nos enfants qui vont payer les pots cassés avec l’année blanche qui se profile à l’horizon ! A moins que le bon sens et le patriotisme ne reprennent le dessus dans les deux camps !

Naby

Le Matin