Mali : Dr Choguel K. Maïga dresse un réquisitoire sévère contre la Transition qu’il a servie

Dans une longue tribune de plus d’une dizaine de pages, publiée le 29 juin, l’ancien Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga s’en prend frontalement aux autorités de la Transition malienne, dont il a pourtant été l’un des visages les plus emblématiques durant plus de trois ans. Adoptant désormais une posture d’opposant, il affirme agir par devoir patriotique face à une situation nationale « qui se détériore de jour en jour ».

Dès l’introduction, Dr Maïga justifie sa prise de parole par sa « responsabilité morale » en tant qu’ancien haut responsable, inquiet de l’avenir du pays. Il dénonce un retour des dérives de l’ancien régime, contre lesquelles, rappelle-t-il, le peuple s’était levé en 2020 : misère croissante, corruption généralisée, enrichissement illicite d’une minorité, répression des voix critiques, instrumentalisation de la justice, climat de peur et remise en cause des acquis du changement.

Dans un ton grave et accusateur, il fustige également une stratégie qu’il juge délibérée : la fabrication d’une nouvelle élite politique sur fond de récupération du sentiment patriotique et d’exploitation de la menace terroriste pour mieux museler les citoyens vertueux et recycler les figures de l’ancien système.

« À ce rythme, prévient-il, le Mali risque de retomber dans les travers qu’il croyait avoir dépassés. »

Fidèle à son style, Choguel Maïga évoque aussi l’existence de complots contre lui et contre le Mali, ourdis par des civils et militaires « tapis dans les institutions », sans toutefois avancer de noms.

Mais cette sortie publique soulève bien des interrogations. Pour de nombreux observateurs, l’ancien chef du gouvernement apparaît en contradiction avec lui-même, comme s’il découvrait subitement les maux d’un système auquel il a contribué jusqu’à récemment. Certains internautes maliens s’en amusent :

« Quand tu n’es plus aux affaires, la situation se détériore ; mais quand tu y étais, tout allait bien », raille l’un d’eux.

À défaut d’idées nouvelles, la tribune semble surtout marquer le retour politique de Dr Choguel K. Maïga, désormais positionné comme chef de file d’une opposition en gestation. Il tente ainsi de rassembler les déçus de la Transition autour de sa personne, avec l’ambition de redevenir un acteur central du débat national.

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