Mali : ce qui est reproché à l’ancien ministre, Thierno Hass Diallo, mis en prison

L’ancien ministre des Affaires religieuse et du culte, Thierno Oumar Hass DIALLO, a été interpelé et mis sous mandat de dépôt par la Cour suprême du Mali, ce vendredi 31 décembre 2021, dans une affaire dite de malversation financière relevées par le Bureau du Vérificateur Général (BVG) en 2019. Pour l’entourage de M. DIALLO qui se trouve désormais à la Maison centrale d’arrêt de Bamako, il serait victime d’une cabale.

La Cour Suprême a placé sous mandat de dépôt l’ancien ministre des Affaires Religieuses et culte, Thierno Oumar Hass Diallo, dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Il serait inculpé dans les dossiers de détournement sur les opérations de recettes et de dépenses liées au pèlerinage à la Mecque pour les exercices 2016, 2017 et 2018. Ces infractions ont été relevées par le Bureau du Vérificateur général (BVG). Des irrégularités financières qui s’élèvent à plus de 639 millions de FCFA.

Selon le rapport, le ministre des Affaires religieuses et du Culte fait gérer le compte spécial pèlerinage par des Autorités non habilitées. La mission de vérification a constaté que le ministre des Affaires Religieuses et du Culte, par lettre n°00124/MARC-SG du 09 mai 2019, avait désigné comme signataires du compte spécial pèlerinage, le Secrétaire Général et le directeur des Finances et des Matérielles dudit ministère alors qu’ils ne sont pas comptables.

Cette pratique qui constitue une violation des principes de la comptabilité publique est considérée comme une gestion non orthodoxe des ressources. Il ressort du rapport que les frais de pèlerinage payés par les pèlerins servent à leurs prises en charge concernant les transports aérien et terrestre, leur hébergement et leur restauration. Ils sont versés dans le compte spécial pèlerinage. L’Etat intervient essentiellement dans l’encadrement des pèlerins.

A cet effet, il alloue des ressources financières pour la prise en charge de la Commission nationale d’encadrement (CNE). Selon toujours le rapport du Bureau du Vérificateur général, pendant la période sous revue, les sommes collectées auprès des pèlerins se sont élevées à 10 072 343 925 FCFA et la part du budget d’Etat pour la prise en charge des membres de la CNE à 1 486 610 065 FCFA.

Le montant total des irrégularités financières constatées par les vérificateurs s’élève à 639 859 502 FCFA. Les irrégularités portent notamment sur le fait que les marchés n°0248/DGMP 2016 et n°01883/ DGMP 2018, les 2 relatifs au transport aérien des pèlerins et de leurs bagages de la filière gouvernementale, au titre des années 2016 et 2018, ont fait l’objet d’enregistrement gratis au service des impôts, alors qu’ils ne sont pas exemptés du paiement du droit d’enregistrement.

Le montant des droits d’enregistrement, qui aurait dû être payé aux impôts, s’élève à 46 716 102 FCFA après que le Centre des Impôts de la commune III du district de Bamako a procédé à un recouvrement des droits d’enregistrement auprès du titulaire du marché n°01883/ DGMP 2018.

La mission a constaté que le Directeur des Finances et du Matériel (DFM) et le Secrétaire Général du ministère des Affaires religieuses et du Culte ont indûment payé le chèque n°1051557 au nom de l’Agence Danaya pour un montant de 50 millions FCFA, retiré sur le compte spécial pèlerinage à la date du 16 octobre 2017.

L’émission et le retrait dudit chèque ne sont soutenus par aucune prestation encore moins une pièce justificative. De même, elle a constaté que les mêmes responsables ont émis le chèque n°0651592 d’un montant de 130 millions FCFA au nom de l’Agence AMASER/EGYPTAIR au titre des frais de transport des pèlerins.

Le montant dudit chèque a été prélevé sur le compte BIM n°025128108201 dans lequel le trésorier payeur a viré l’appui financier exceptionnel. En effet, cette prestation relative au transport des pèlerins, qui constitue une opération du compte spécial pèlerinage, n’est pas éligible à ce fonds. Il a été aussi constaté que des chèques ont irrégulièrement été émis pour des retraits non justifiés pour un montant total de 225 millions FCFA.

Dans un communiqué publié en janvier 2020, le ministère des Affaires religieuses et du culte avait rejeté les accusations, préférant plutôt parler d’irrégularités et non de détournement.

Abdoulaye OUATTARA / Afrikinfos-Mali