Mali : Barrick Mining menacée de perdre le contrôle de la mine de Loulo-Gounkoto

Le bras de fer entre l’État malien et le géant canadien Barrick Mining s’intensifie. Ce jeudi, le tribunal de commerce de Bamako doit statuer sur une demande des autorités visant à placer la mine d’or de Loulo-Gounkoto sous administration provisoire. Une décision potentiellement lourde de conséquences pour la multinationale, qui pourrait voir son contrôle sur l’un des plus importants gisements aurifères du pays remis en cause.

Déposée par l’État malien, la requête vise à nommer un administrateur provisoire à la tête du complexe minier, situé dans la région de Kayes, à l’ouest du pays. Officiellement, cette démarche s’inscrit dans un contexte de “désaccords persistants” entre les autorités et Barrick Mining (anciennement Barrick Gold), dont les relations avec Bamako sont devenues de plus en plus tendues ces derniers mois.

Un site stratégique sous pression

La mine de Loulo-Gounkoto, exploitée depuis 2005, est un pilier de la production aurifère du Mali, pays classé troisième producteur d’or du continent. Elle représente une source majeure de revenus pour Barrick Mining, mais également pour l’État malien, qui détient une participation minoritaire au capital à travers la société nationale.

Depuis plusieurs mois, les autorités de transition multiplient les signaux en faveur d’un contrôle accru des ressources naturelles. Le secteur minier, longtemps dominé par des opérateurs étrangers, est désormais au centre d’une volonté de “reprise en main stratégique”, selon un haut responsable du ministère des Mines. Dans ce contexte, la procédure judiciaire engagée pourrait être perçue comme une première étape vers une reconfiguration des partenariats miniers au Mali.

Barrick sur la défensive

De son côté, Barrick Mining, qui n’a pas encore officiellement réagi à la convocation, pourrait contester la décision en justice si la mise sous tutelle était validée. En interne, le groupe reste prudent, tout en soulignant régulièrement sa “conformité aux obligations contractuelles” et sa contribution à l’économie malienne.

L’issue de l’audience pourrait redéfinir les rapports de force entre l’État malien et les grands acteurs miniers étrangers. En toile de fond : une question centrale sur la souveraineté économique, dans un contexte régional où les régimes militaires au pouvoir revendiquent une rupture avec les anciens modèles de gouvernance.

La rédaction

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