L’ŒIL DE LE MATIN : Administrer avec la rigueur et le discernement

Comme les larmes qu’elle suscite généralement, l’émotion est contagieuse. Et
je vous avoue que j’ai pleuré avec les Mopticiens pour le départ du jeune
gouverneur, Général de brigade Abass Kokè Dembélé. Je ne le connais pas et
je ne l’ai jamais approché. Mais, j’ai rarement vu des populations si émues par
le départ d’un responsable. Une vive et sincère émotion ! L’émotion ? Elle était
au rendez-vous ce mercredi 28 mai 2025 qui «restera gravé de façon
indélébile dans l’histoire administrative de la région de Mopti». Désormais
marqué d’une pierre blanche, ce jour symbolise la date de sortie par la grande
porte; la porte de l’honneur, de la gloire et du prestige d’un prodigieux
homme : Général de brigade Abass Koké Dembélé !
Plus que le «Citoyen d’honneur » de la commune urbaine de Mopti qu’il
incarne dorénavant, le jeune officier Général est entré définitivement dans
l’histoire contemporaine de cette région très hospitalière. La cérémonie
organisée par les forces vives l’atteste éloquemment. Elle a été ponctuée de
témoignages émouvants des responsables des différentes composantes de
celles-ci (forces vives). Des vibrants hommages ont été rendus à
l’administrateur civil pour son engagement, son leadership et les actions
menées au service de la région.
De l’émotion ! Le discours d’au revoir (c’est loin d’être un adieu) du Général
Dembélé en a déversé sur l’assistance. De l’émotion ! Le gouverneur en a
suscité encore plus que les hommages qui lui ont été rendus. «Les émotions
supérieures évoluent dans le cercle des humains que nous sommes.
Aujourd’hui, elles se nomment gratitude, nostalgie, pardon, reconnaissance du
mérite, mais aussi espoir de ce qui attend la région de Mopti», a rappelé le
Général Dembélé. Et de reconnaître que, il y a quelques années, «j’ai rejoint
cette belle région, cette belle équipe, avec une forte ambition de travailler
côte-à-côte avec des personnes passionnées, engagées et talentueuses pour
le bénéfice des populations mopticiennes, très résilientes». Et, aujourd’hui en
regardant en arrière, «je ne peux qu’être profondément reconnaissant pour
toutes ces expériences partagées avec vous, pour chaque défi relevé
ensemble…», a assuré le valeureux officier.
«Je savais que j’allais quitter cette région un jour, mais pas avec la lourde
peine qui est la mienne aujourd’hui. Je suis affligé en vous quittant. Et ce n’est
pas pour les bénéfices du poste ou l’intérêt de la fonction… Mais, à cause de
l’attachement et de l’amour que j’ai développé avec chacun de vous. Plus que
les compétences acquises ici, je pars avec les liens humains, la solidarité que
vous m’avez témoignés ici ; la confiance mutuelle qui a permis de surmonter
des obstacles et qui permettra d’en surmonter d’autres ; ces moments de
complicité», a aussi souligné le gouverneur sortant en reconnaissant que ce
qu’il a vécu à Mopti va positivement au-delà de la mission qui lui avait été
assignée.
Avant de quitter, il a exhorté les membres (populations, administration et
l’ensemble des forces vives) de cette grande famille, qui est désormais tienne,
à «continuer à faire rayonner la région de Mopti en relevant de nouveaux défis

avec passion et détermination». Il leur a aussi rappelé que «la force du loup
est dans la meute» pour exhorter les Mopticiens à l’unité, à la cohésion et à
l’union sacrée face aux défis. Ce jeune officier-administrateur a montré que
nos populations entendent être désormais administrées avec rigueur et
discernement. La rigueur, ce n’est pas forcément montrer ses muscles,
sanctionner, brimer, frustrer, humilier… Mais, c’est surtout amener les
administrés à comprendre que tout ce qu’on fait, c’est pour leur bien et que
sans leur concours et leur adhésion, on ne pourra jamais mieux les servir. Et
cela pour les pousser à ce qu’on appelle «l’autocensure» dans le jargon
journalistique. Se faire pression pour rester un citoyen modèle et veiller
pacifiquement à ce que les autres ne puissent pas poser des actes
compromettant le bien-être et la quiétude collectifs, s’aborder de l’autorité.
C’est cette complicité qui liait sans doute Abass Koké Dembélé aux Mopticiens
qui étaient devenus ses meilleurs relais et ses «lieutenants» les plus loyaux
sur le terrain. «À Mopti, nous nous sommes sentis chacun responsabilisé par
le Général Abass», nous a avoué une notabilité. Mais, très humble, Abass
n’est pas un leader à tirer la couverture sur sa seule personne. «C’est le
gouverneur qui récolte les fruits, sinon ce sont vous (le cabinet et les
populations) qui travaillez. Je suis l’usufruitier de vos efforts», a-t-il souligné
dans son discours d’au revoir. Oui, la cérémonie était loin d’être un adieu.
Les différents témoignages ont décrit le gouverneur sortant comme «un
homme généreux, sage, pondéré, un grand humaniste à l’écoute de ses
collaborateurs et des populations de la région de Mopti». À son poste, il a été
un véritable leader qui a su «innover dans sa gouvernance, son approche des
hommes, des problèmes…». C’est ce type de relation entre décideurs et
administrés qu’il faut désormais cultiver pour faire du Mali Kura un exemple de
gouvernance et un havre de paix.
Je suis profondément convaincu que ce jeune officier-administrateur va
superbement entrer un jour dans l’histoire du Mali d’une manière ou d’une
autre ! In Shaa Allah ! Qu’Allah te bénisse et te protège, Général de brigade
Abass Koké Dembélé !
Moussa Bolly

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