L’HORREUR AU CENTRE DU MALI Au moins 100 civils à tués Sobame Da lundi dernier

Une attaque armée a été perpétrée ce lundi 10 juin 2019, vers 3 heures du matin, dans le village de Sobame Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti. Des hommes armés, soupçonnés d’être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre ce paisible village.
«Le bilan provisoire établi par une mission du Poste de Sécurité de Diankabou, en présence du maire de Sangha, fait état de 95 morts et de 19 portés disparus, plusieurs animaux abattus et des maisons incendiées», précisé un communiqué du gouvernement. Mais selon des sources crédibles, on dénombre plus de 100 morts et une vingtaine de disparus.
Le gouvernement de la République du Mali a présenté ses condoléances les plus attristées aux familles endeuillées et assuré que toutes les mesures seront prises pour arrêter et punir les auteurs de ce carnage. Le massacre de civils de ce lundi est le troisième du genre en six mois après celui de Koulongon qui a fait 37 morts en janvier et d’Ogossagou qui a fait au moins 160 morts le 23 mars 2019. Ces deux précédentes attaques ont surtout visé des peuls.

ATTAQUE DE SOBAME DA : «Une déclaration de guerre» selon Dan Na Ambassagou
L’attaque qui a fait au moins 100 morts à Sobane Da (un hameau dogon du centre du Mali) tôt le lundi 10 juin 2019 matin est «une déclaration de guerre» a précisé la milice dogon Dan Na Ambassagou dans un communiqué. Elle a déclaré prendre acte de cette «attaque barbare et ignoble» qu’elle a condamnée avec la dernière énergie comme «un acte terroriste et génocidaire intolérable».
Dans son communiqué, Dan Na Ambassagou a invité les populations à la «mobilisation pour la défense de leur terroir». Elle aussi rassuré les populations de sa disponibilité à «assurer davantage leur sécurité car il est désormais établi que ni l’État, ni la communauté internationale ne s’intéressent à la vie des populations meurtries depuis bientôt 5 ans».
Elle n’a pas d’ailleurs manqué l’occasion d’exhorter l’Etat et la communauté internationale à assumer toutes leurs responsabilités dans la crise du centre.
«Le pays Dogon ne sera jamais la colonie ou l’esclave d’aucune espèce de personne… La lutte pour la sauvegarde de la dignité et de la liberté du pays Dogon est ouverte. Du plateau à la plaine en passant par la falaise, nous sommes désormais résolus de verser notre sang pour la dignité humaine», a indiqué le communiqué.
A noter que le gouvernement a officiellement déclaré Dan Na Ambassagou dissoute au lendemain du massacre de 160 civils peuls le 23 mars 2019 à Ogossagou. Une décision à laquelle ses responsables ne se sont jamais pliés.

HORREUR A SOBAME DA : Tabital Pulaaku dénonce «les germes d’une déstabilisation totale et durable» du centre du Mali

Tabital Pulaaku Mali a condamné avec la dernière rigueur l’attaque criminelle sur des populations civiles qui a fait au moins 100 morts à Sobame Da, dans la commune de Sangha (cercle de Bandiagara/Mopti), centre du Mali.
«L’insécurité et les massacres à grande échelle exploités par les groupes terroristes constituent les germes d’une déstabilisation totale et durable de la Région. L’absence de l’autorité de l’Etat et l’impunité alimentent le cycle de violence qui s’y est installé depuis deux ans», a déploré l’association.
Tabital Pulaaku Mali appellent toutes les forces vives du Mali à «faire front contre les forces du mal». Elle demande instamment au gouvernement du Mali de «prendre des mesures urgentes destinées à assurer la sécurité des civils et à procéder sans délai au désarmement, la démobilisation et la collecte des armes aux mains des milices».
Tabital Pulaaku Mali a aussi exhorté le gouvernement du Mali à «octroyer les moyens nécessaires à la Justice pour lui permettre de lutter efficacement contre l’impunité». Elle a aussi demandé au Conseil de Sécurité de donner à la MINUSMA les ressources pour «assurer la protection des civils au Centre du Mali pris dans le piège des groupes terroristes et des milices armées».

APRES L’ATTAQUE DE SOBAME DA : La Minusma appelle les Maliens à «un sursaut national»
Se disant extrêmement préoccupée par les informations concordantes et corroborées par les autorités locales, la Minusma a, dans un communiqué, appelé les Maliens à «un sursaut national» après l’attaque qui a fait au moins 100 morts à Sobane Da (cercle de Bandiagara, région de Mopti), dans le centre du Mali.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali (RSSG) a fermement condamné «cet acte d’une barbarie inqualifiable, ainsi que les appels à la violence. J’appelle les autorités maliennes à enquêter rapidement sur cette tragédie et à traduire ses auteurs en justice».
«Ce drame nous rappelle également et malheureusement que, dans cette spirale de la violence, il n’y a pas les méchants d’un côté et les gentils de l’autre. Tout le monde est responsable. Le seuil de l’intolérable est atteint et le temps d’un sursaut national s’impose. La Minusma prendra toute sa part de responsabilité», a déclaré M. Mahamat Saleh Annadif.
La Minusma a indiqué déjà avoir déployé une mission d’enquête spéciale des droits de l’Homme sur les lieux pour «faire la lumière sur ces incidents et appuyer les autorités maliennes dans leurs enquêtes judiciaires». Et elle est prête à soutenir le gouvernement malien pour «toute action susceptible d’apaiser la situation».