L’honorable Niaga Tembely vire à la Codem

Depuis un certain temps, la rumeur du départ de l’honorable député Adéma de Bandiagara faisait le tour des salons feutrés de Bamako. La rumeur annonçait son départ pour le Parti du développement économique et de la solidarité (PDES), mais c’est finalement à la Codem où l’homme a décidé de poser sa valise. Il a déposé sa lettre de démission le mardi 5 avril 2011 à la direction du Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma/PASJ). Il dit avoir motivé sa démission au président du groupe parlementaire Adéma  en ces termes : « Je viens par la présente vous informez de ma démission  du groupe parlementaire Adéma pour convenance personnelle. Je profite de cette occasion pour vous demander de transmettre aux honorables députés mes sincères salutations pour les moments de fraternité empruntent de franches camaraderies passés ensemble. J’ai décidé de militer désormais au sein du groupe parlementaire Codem. Je vous en saurai gré d’en informer le bureau et le parlement dès sa prochaine plénière ».

A la Codem, il dit avoir motivé son adhésion par le fait que c’est un parti où il pourra mieux s’exprimer et que la politique de ce parti rencontre son consentement. Président d’honneur de l’AEEM et chef de file des députés de la région de Mopti, Niaga Tembély complète désormais le groupe parlementaire de la Codem à 8 députés. L’honorable Tembley, faut-il le rappeler depuis qu’il a adhéré au PASJ, ne fait pas qu’octroyer les trois députés du cercle de Bandiagara au parti Adéma. « Dans le cercle de Bandiagara, sur 21 communes, le contrôle de 8 seulement échappe à l’Adéma. Et ça même c’est récemment, sinon dans le temps, toutes les communes du cercle étaient Adéma », affirmait-il. Il dit avoir dans son sillage plusieurs conseillers et des milliers de militants.

Les raisons de son départ de l’Adéma

Il faut dire que l’homme avait accepté servir de bras financier de l’Adéma depuis les années 1992 en vue de lui faciliter son implantation. En ce moment, il n’était même pas encore militant rucher. Séduit par les idéaux démocratiques prônés par le parti, Niaga Tembely finira par adhérer à l’Adéma à la veille des législatives de 1997, suite à une cooptation d’Aly Nouhoum Diallo. Il se portera candidat auxdites élections dans sa ville natale de Bandiagara, pour les remporter. L’Adéma/PASJ qui était en difficulté dans ce cercle, retrouvera sa santé en remportant les trois sièges en jeu dans cette circonscription électorale. Grâce à la confiance placée en lui par les siens, Niaga Tembely réalisera le pari en remportant avec l’Adéma les trois sièges pendant trois mandatures législatives successives, bien qu’à chacune de ces élections le parti n’accordait qu’un million de franc CFA à sa section. C’est ainsi que depuis 1997, la Ruche règne sans partage dans le cercle de Bandiagara malgré les velléités des partis comme le RPM, la Codem etc.

En faisant tous ces sacrifices, Niaga Tembely croyait aux vertus d’un parti qui est la justice et la solidarité. Mais c’était sans savoir qu’il allait être trahi dans sa conviction. Opérateur économique de son Etat, l’homme, depuis le règne de l’Adéma à nos jours, ne bénéficiera pas d’un marché ni d’un département ministériel, encore moins de l’Assemblée nationale où le parti contrôle toujours direction des opérations. Cela fait 20 ans que son parti est présent au gouvernement et majoritaire à l’Assemblée nationale, mais Niaga Tembely n’a jamais bénéficié d’un marché quelconque. Or, l’exécution d’un marché ne peut que profiter à l’Adéma, car, aiderait Niaga Tembely à mieux implanter le parti dans sa localité de Bandiagara. Mais loin de là, c’est plutôt une coterie embourgeoisée qui se taille les marchés sur mesure et nargue ensuite les autres avec une opulence insolente. Les militants de la première heure sont donc éloignés du miel par des frelons, qui ont fait irruption pour la circonstance.

C’est donc lasse de cette situation que l’honorable a définitivement claqué la porte de l’Adéma le mardi dernier. D’ailleurs, il disait avoir claqué la porte du C.E Adéma depuis plusieurs années par le fait qu’il n’a pas cautionné certains actes posés par le parti de Dioncounda Traoré.

Abdoulaye Diakité

L’ Indicateur Renouveau 07/04/2011