L’Etat joue-t-il son rôle pour stabiliser les prix des céréales au Mali ?

 

En dépit de ces augmentations constatées impuissamment par les consommateurs et sans aucune réelle justification, les plus hautes autorités maliennes sont toujours restées muettes face au drame. Les prix des denrées grimpent et aux consommateurs de se débrouiller, tant pis, pour le canard boiteux. La preuve à la suite du coup d’Etat du 22 mars dernier suivi d’un embargo de deux jours imposé au Mali par la CEDEAO, les opérateurs économiques maliens comme à leur habitude n’avaient pas tardé à procéder à des augmentations sur les prix des produits de premières nécessités. La remarque la plus cruelle, se situe au niveau des prix de céréales en général et notamment du riz  qui ont grimpé jusqu’à hauteur de plus de 50% à Bamako et dans presque toutes les localités de l’intérieur du pays.

Ainsi, le kg du riz qui était cédé aux consommateurs, avant le coup d’Etat du 22 mars 2012, et aussi avant l’imposition de cet embargo de 48 heures ; entre 325FCFA et 375FCFA se vend de nos jours sur différents marchés à plus de 450FCFA voire à 500FCFA en d’autres endroits, cela sans que les plus hautes autorités ne réagissent pour secourir leurs concitoyens. Dans ce laisser aller ou du moins cette anarchie totale, le constat est bien amer. Car, le citoyen lambda qui demeure la principale victime, n’a souvent pas voix au chapitre.

Et en général c’est lui qui paye la plus lourde tribu. Quant aux cadres et autres nantis, tant mieux, puisque, ils disposent de quoi, pour faire face à ces surenchères sur les marchés.  Alors que dire du prix du sucre, qui en dépit de la production locale a connu une hausse depuis le mois du dernier ramadan, et qui n’a plus connu de  rabais. Avant d’être cédé aux consommateurs à 600FCFA, le kg du sucre était vendu avant le mois du ramadan de l’an dernier à 400 voire à 425FCFA.
Le constat d’après le sieur Makan Konaté, est également valable pour les produits pétroliers, en dépit des exonérations que l’Etat accorde couramment aux opérateurs économiques, principalement aux pétroliers, le litre de l’essence, du gasoil  n’est à la portée du pouvoir d’achat du malien dont les revenus mensuels ne sont les mêmes que ceux d’un ministre ou cadre de l’Etat.

Les maliens en réalité ne méritent pas d’être traités ainsi. C’est pourquoi, Madame Adjara Mariko de Sogoniko croit plutôt à une complicité tacite entre : l’Etat et les opérateurs économiques et autres commerçants détaillants. Pour elle : « Si l’Etat tape le poing sur la table, nul ne doute que ces personnes sans vergogne daigneront respecter au moins un peu les prix des produits dits de premières consommations. Aujourd’hui, on ne peut plus payer un litre d’huile alimentaire. Même les autres condiments ont connu des hausses à la suite de la situation de crise que notre pays connaît depuis les 17 janvier et 22 mars 2012. Il faudra que les plus hautes autorités réagissent à temps. Sinon, après les militaires, les politiques, ce sera au tour des consommateurs de se lever pour réclamer leurs droits de pouvoir d’achat ».

Quant à M. Kalifa Koné, il trouve que la libéralisation des prix des produits céréaliers par l’Etat, est la principale cause de ces flambées constatées sur les prix des denrées dans les différents marchés. Notre interlocuteur d’inviter les autorités maliennes à prendre l’exemple sur celles du Sénégal, qui viennent de consentir de gros efforts en faveur des consommateurs sénégalais, par des rabais généraux sur tous les prix des produits de premières nécessités. Et M. Kalifa Koné de souligner ceci : « Je suis d’accord que cette réduction générale constatée sur les prix des produits de premières nécessités au Sénégal, était une des nombreuses promesses du président Macky Sall, lors de la campagne présidentielle au Sénégal. Là aussi, je reconnais que les contextes de nos deux pays ne sont pas les mêmes, qu’à cela ne tienne, les autorités d’un pays ont toujours leur mot à dire dans la stabilisation des prix des produits de premières nécessités.

Malheureusement au Mali, nous avons à faire à plusieurs catégories d’opérateurs économiques. C’est au Mali que l’on voit des ministres et autres commis de l’Etat commerçants. Donc de ce fait, il n’est pas facile, qu’étant eux-mêmes des acteurs du secteur commercial, qu’ils acceptent de prendre des mesures visant à rabaisser ou à maintenir une stabilité sur les prix des produits de premiers besoins. Nous demandons à ces ministres, cadres, commerçants de daigner consentir un petit effort pour nous populations du Mali».

Un constat que notre rédaction a fait suite à cette enquête sur le terrain. Il ressort clairement, dans le cas malien, qu’en matière d’augmentation des prix des produits de premières nécessités, notamment des denrées de premiers ordres telles que : le riz, le mil, le maïs, le sucre, l’huile, il y a une in-considération de l’Etat envers ses populations ou un manque de prises de décision de la part des plus hautes autorités du même Etat. Souhaitons que les nouvelles autorités qui auront la chance de prendre les commandes des affaires de l’Etat après la période transitoire fassent de la stabilisation des prix des produits de premières nécessités, une de leurs principales priorités.

En attendant, les citoyens lambda (maliens) ont les yeux braqués du côté de Kati, où se trouvent le Capitaine Amadou Haya Sanogo  et le CNRDRE. Un témoin qui a préféré garder l’anonymat croit plus au CNRDRE et à son chef, le Capitaine Baule, pour revoir à la baisse les prix des produits tels que : le riz, le mil, le maïs, le sucre et l’huile ; tout comme l’essence, le gasoil et le pétrole. En attendant de trouver le salut, qui pourrait certainement venir du côté de Kati, les populations maliennes continuent à se débattre tant bien que mal, pour se payer au moins dans le mois, un petit sac de riz de 50 kg à des prix dépassant leurs pouvoirs d’achats.

Par Kassoum Mariko

Le Coq 10/05/2012