Dans un monde de plus en plus empreint à la spécialisation, le système d’enseignement LMD pose des limites majeures. La première est que le système LMD qui est un système d’apprentissage nord-américain est en déphasage avec les réalités socio-économiques de l’Afrique par exemple. La transmission traditionnelle du savoir et du savoir-faire perpétuée depuis des générations par la tradition orale, bien qu’ayant montré ses preuves, n’a pas été pris en compte dans le système LMD.
Deuxièmement, le système LMD enseigné au Canada n’est pas le même enseigné au Maroc ou au Sénégal. Lorsque l’on interroge la filière Management de ce système, nous voyons qu’il n’y pas une harmonisation des modules dans les pays. Il y a moins de crédits ou de modules à valider au Mali par rapport au Sénégal ou au Maroc pour la Licence. Il y a donc une multitude de systèmes LMD selon le continent où le pays dans lequel se trouve l’étudiant. Et force est de constater que des pays comme le Mali qui ont adopté le système LMD en 2008 continuent à pratiquer en même temps, l’ancien système français d’enseignement supérieur. Ce qui démontre l’insuffisance des mécanismes de suivi et d’application du système LMD. En guise d’exemple, Le Master Professionnel sénégalais certifié par le CAMES à une équivalence en Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées au Mali et non un Master.
Ensuite, une autre insuffisance du système LMD est qu’il est un peu trop théorique alors que sa vocation est d’être plus professionnalisant. L’ancien système français qu’il a remplacé a justement été revu parce qu’étant trop académique, formait à majorité des chercheurs et encourageait plutôt la recherche scientifique ou littéraire alors que le système LMD a émergé pour promouvoir, l’entreprenariat et la gestion d’entreprise.
Le dernier point sur lequel le système LMD montre sa limite est son caractère trop généraliste. Au lieu de créer des spécialisations en troisième année de Licence ou au Master, le système LMD devrait permettre une spécialisation dès la première année pour que l’étudiant puisse prétendre à un métier tout juste avec une Licence. Or l’on constate de plus en plus, qu’avec une Licence l’étudiant arrive sur le marché de l’emploi ou en entreprise complètement perdu avec des aptitudes, certes, mais pas des compétences. Si un apprenant en finances n’effectuait que des cours de sa spécialité, au bout trois ans, il pourrait avec une Licence s’ériger en professionnel voire en expert de ce domaine.
Aux termes de cette analyse, nous pouvons affirmer que le système LMD a perdu de vue sa raison d’être au fil du temps et qu’il serait pertinent d’en faire l’évaluation pour l’améliorer afin de le rendre beaucoup plus opérationnelle.
Jeudi 23 Décembre 2021 à Bamako
Traité par Abdoulaye Alassane Traoré
Doctorant en sociologie
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