Les feux brûlent encore à Fort McMurray

Les feux de forêts dans la région de Fort McMurray en Alberta (ouest du Canada) continuaient d’avancer mardi. Des conditions ont été imposées aux compagnies pétrolières avant un redémarrage de leurs activités qui pourrait au mieux prendre plusieurs jours.

L’exploitation pétrolière reprendra « quand ce sera absolument sûr de le faire, à la fois pour les personnels et pour l’environnement », a affirmé mardi soir Rachel Notley, Première ministre de la province de l’Ouest canadien qui a rencontré les patrons des compagnies pétrolières. Elle a posé des conditions à une reprise de la production qui, au mieux, est attendue « dans les prochains jours ou semaines à venir ».

D’abord, si la route de Fort McMurray vers le nord et les installations pétrolières a été rouverte, elle sera empruntée uniquement par les personnels des compagnies et des sociétés sous-traitantes. Avec interdiction pour eux de pénétrer dans la ville, vidée de ses habitants pour plusieurs semaines, ne serait-ce que pour vérifier l’état de leur domicile.

La reprise de la production nécessite aussi, a dit Mme Notley, que les immenses bases de vie de ces exploitations avec établissements de santé ou cliniques soient accessibles, sûres et remises en état de fonctionner.

Les services des pompiers en collaboration avec des équipes spécialisées ont dégagé, avec des engins de chantier, de larges bandes de forêts et de broussailles autour des sites. Une opération qui vise à éviter que des flammèches n’atteignent les installations avec le vent.

10% de plus

Si les feux sont sous contrôle à proximité de Fort McMurray, ils ont continué mardi leur avancée infernale. Ils ont brûlé 10% de forêts de plus en 24 heures, pour atteindre environ 2290 km2. Les effectifs et moyens aériens ont dû être augmentés.

La moitié des 1550 pompiers de la province est concentrée sur les deux foyers les plus dévastateurs. La ligne de feu s’est rapprochée à un peu moins de 30 kilomètres de la frontière avec la province voisine de la Saskatchewan. Mais sa progression est ralentie par une météo plus humide et des vents plus faibles.

Dans Fort McMurray, la compagnie électrique Atco a mobilisé plus de 250 employés pour commencer à relever les lignes électriques. Pour cela, ils remplacent les poteaux en bois ayant brûlé dans plusieurs quartiers de l’agglomération, évacuée par près de 100’000 personnes il y a tout juste une semaine.

« Reconstruction pas à pas »

« Quand des milliers de vies ne seront plus jamais les mêmes », la reconstruction va se faire pas à pas pour retrouver un quotidien presque normal. Pour cela, « beaucoup à Fort McMurray vont devoir se retrousser les manches », a indiqué Rachel Notley.

Les démarches administratives des évacués sont en cours mais des tensions surgissent avec la fatigue et les inquiétudes sur leur avenir. Le gouvernement établit actuellement un calendrier de retour des premiers habitants dans la ville. Ce planning « est attendu d’ici deux semaines », selon la cellule de crise.

A Edmonton, dans le plus important des 13 centres répartis dans l’Alberta, une épidémie de gastro-entérite a pris de l’ampleur ces deux derniers jours. Plus d’une centaine de cas ont été répertoriés.

Solidarité

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé mardi à la Chambre des Communes qu’il se rendrait vendredi à Fort McMurray, pour assurer la solidarité des Canadiens avec les populations évacuées.

Aucune installation pétrolière n’a subi de dommages majeurs. Mais les mines situées les plus au nord du bassin vont pouvoir repartir plus rapidement que celles de Suncor. Le feu s’est approché très près des installations du premier groupe pétrolier canadien, ou de sa filiale Syncrude.

Après sa rencontre avec Mme Notley, le patron de Suncor, Steve Williams, a promis « un retour d’un certain nombre d’opérations au nord très rapidement ». Cela pourrait prendre toutefois « quelques semaines » pour les plus proches de Fort McMurray. Avant toute chose, les oléoducs doivent rouvrir.

Enbridge, transporteur le plus important, a évoqué mardi « des dommages limités » à ses installations, nécessitant réparation pour transporter le pétrole vers les raffineries. Les experts pétroliers estiment que la réduction de la production est d’un peu moins de 1,5 million de barils par jour, ou 40% du volume extrait chaque jour du bassin de l’Athabasca.

(ats / 11.05.2016 04h08)