LE TERRORISME AU SAHEL :Une stratégie d’extermination silencieuse de la jeunesse africaine

Dans l’analyse géopolitique contemporaine, le terrorisme qui ravage le
Sahel ne peut être vu uniquement comme une dynamique de
déstabilisation ou de lutte idéologique. Il s'agit d’un instrument de guerre
indirecte visant un objectif plus sournois : affaiblir l’Afrique à la racine
en éliminant massivement sa jeunesse. Et cela d’autant plus que l’on dit,
«là où il n’y a plus d’héritiers, il n’y a plus de peuple» !
La prolongation de cette guerre asymétrique et insidieuse est en réalité une
stratégie d’extermination lente des forces vives du continent. L’Afrique est le
continent le plus jeune du monde ! En effet, plus de 60 % de sa population
continentale a moins de 25 ans. Dans une logique de souveraineté, de
développement durable et de transformation sociale, cette jeunesse
représente une richesse stratégique, à la fois en termes de démographie, de
main-d’œuvre, d’innovation et surtout de potentiel politique et économique.
Mais, elle est aussi perçue comme une menace par les puissances
extérieures qui redoutent l’émergence d’une Afrique indépendante, forte et
unifiée.
Les conflits au Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad et aujourd’hui
le Bénin et le Togo) ont fait des dizaines de milliers de morts, avec une
immense majorité constituée de jeunes hommes en âge de travailler, de
défendre, de construire pour s’épanouir et bâtir leur pays. Que ce soit dans les
rangs des Forces armées nationales (FAMa et autres) ou chez les groupes
armés, les morts se comptent chaque jour par dizaines, voire par centaines,
laissant derrière eux des communautés brisées, des économies rurales
asphyxiées et des nations privées de leur avenir. Aujourd’hui, le Sahara et la
Méditerranée ne sont plus les seuls cimetières de nos bras valides. Le Sahel,
ces dernières années, a été transformé en cimetière des jeunes Africains par
des obscurantistes, des mercenaires habillés en djihadistes.  Mais, nous
savons tous que cette guerre n’est pas d’essence religieuse, sinon combien
de régions dans le monde sont plus «islamisées» que le Sahel, voire la bande
sahélo-saharienne ?
Une guerre d’expropriation néocolonialiste par élimination
Derrière les apparences religieuses ou tribales, se cache en réalité une
logique impérialiste crue : «Si tu veux hériter de ce qui ne t’appartient pas, il te
faut éliminer les héritiers légitimes» ! Cette formule résume l’enjeu du
terrorisme au Sahel. Pour les prédateurs économiques et géopolitiques,
affaiblir l’Afrique passe par la suppression de ses héritiers naturels : sa
jeunesse, sa force, sa relève ! Ainsi, les attaques contre les écoles, les
enrôlements forcés d’enfants soldats, les déplacements massifs de population,
le ciblage des leaders communautaires et des jeunes engagés… visent

indiscutablement à décapiter l’avenir de l’Afrique, en brisant les relais de
continuité générationnelle.
Le contrôle des ressources (or, uranium, pétrole, terres rares, etc.), des
corridors stratégiques et des zones d’influence est au cœur du jeu. Mais, plus
encore, c’est la souveraineté de l’Afrique qui dérange. En entretenant
constamment des foyers de tension, les impérialistes empêchent les États
sahéliens d’investir dans l’éducation, la santé, l’économie et forcent les
gouvernements à consacrer la majorité de leurs maigres budgets à la sécurité,
à la stabilité. C’est un piège de guerre perpétuelle, un cercle vicieux
soigneusement entretenu.
Face à cette stratégie d’effacement, la jeunesse africaine doit prendre
conscience de sa propre centralité et de sa valeur stratégique. Il ne suffit plus
de subir, mais de prendre conscience pour s’organiser, se défendre, prendre
son destin en main. La résistance ne doit pas être seulement militaire. Elle doit
être aussi politique, idéologique et culturelle. En effet, ce n’est pas uniquement
la sécurité qui est en jeu, mais aussi et surtout la survie de l’Afrique comme
héritière de son propre destin.
Au finish, nous devons tous prendre conscience que nos pays ne livrent pas
une guerre contre le terrorisme seulement. Nous nous battons plutôt contre un
plan impérialiste, néocolonialiste, machiavélique visant à affaiblir davantage
nos États en compromettant son avenir par l’anéantissement de la jeunesse.
Le Sahel est le front de cette guerre moderne ; une région où le silence des
puissances et les complicités géostratégiques permettent le massacre
quotidien de notre jeunesse. L’heure est donc à la vigilance, à l’éveil des
consciences et à l’union de tous les peuples africains autour de leur
jeunesse… Ayons toujours à l’esprit que là où il n’y a plus d’héritiers, il n’y a
plus de peuple !
Rokiatou Diakité Rose
Coach et Conseillère conjugale

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