Le spectre des islamistes plane sur la rébellion libyenne.

Plantée de ficus bien taillés, la place, en face de la mosquée Sahaba, est le poumon de la ville de Darnah. Ramadan Youssef Mismari, un postier à la retraite, y donne des nouvelles du front à des hommes serrés sur des bancs de bois clair. Les femmes à Darnah portent la burqa, le soir elles ne sortent pas. « Les femmes sont traditionnellement discrètes et réservées ici, mais rien ne les empêche de se joindre à nous », assure l’ancien employé des postes.

Mouammar Kadhafi a heurté les dévots de la ville en prenant des libertés avec le Coran. Sitôt le vieux Guide renversé, Mohammed Elmessori, le maire intérimaire de la ville, souhaite voir la charia appliquée . « La charia, ce n’est pas couper les mains des voleurs et jeter des pierres aux femmes adultères comme vous semblez le croire à l’ouest, proteste le maire. Nous sommes tous musulmans, et nous voulons faire appliquer les lois de l’islam alors, demande t-il, où est le problème ? »

Une confusion profitable aux islamistes

Les membres du Groupe islamique des combattants libyens (GICL) ont été neutralisés dans le sang vers le milieu des années 1990. Mais en Europe, des experts craignent que les extrémistes de la Cyrénaïque ne refassent surface à la faveur de la confusion en Libye. « Ils ne constituent en rien une menace », rassure pourtant Abdulkarim Ben Taher, porte-parole des insurgés à Darnah.

La région, par ailleurs, compte des dizaines de jihadistes qui se sont battus en Irak et aux côtés des talibans en Afghanistan. Aujourd’hui, leur expérience est précieuse face aux hommes de Kadhafi, et les autorités de transition de Darnah affirment qu’ils ont retrouvé le chemin de la modération.

Par RFI

30/06/2011