Le Regard de Destin: Vente à la criée à Bamako Une occasion de débauche pour les filles

Si la cigarette, la drogue, l’alcool deviennent l’apanage de ces garçons, la porte reste grande ouverte par contre à la prostitution chez les filles qui vite finissent par perdre la boussole. A quand la fin du phénomène qui de nos jours est qualifié d’esclavage des temps modernes ? Ils sont tout aussi nombreux ces enfants à crouler sous le poids de ces boulots et dont les conséquences sont incalculables. Avec des âges qui varient entre 12 et 20 ans, et avec des étalages de médicaments, d’arachides, de manioc et autres objets sur la tête ces apprentis vendeuses criant à tue tête parcourent des dizaines de kilomètres par jour et ce à longueur de journée. Ici, l’objectif est d’écouler à tout prix la marchandise.

Même si nous sommes fatigués, ont raconté la majorité de celles que nous avons pu interroger, nous sommes astreintes à un résultat positif imposé par nos tutrices. Ces enfants après avoir parcouru les rues et obnubilés sont souvent fatigués et n’ont d’autres refuges que les places publiques et autres lieux de déviances où toutes les pratiques malsaines et impropres sont souvent enregistrées.  

Le partage et la prévision

C’est mon maïs à moi tout seul qui doit cuire

Notre premier grand défaut est notre individualisme exacerbé. Certes, les hommes sont mus, d’abord et avant tout, par leurs intérêts. Cela relève d’une loi universelle. Nous sommes naturellement enclins à porter prioritairement notre regard sur nous-mêmes avant de le tourner vers autrui. Pour dire que nos déterminations les plus fortes sont d’abord individuelles, à la limite, égoïstes.

Mais quand le cadran de nos intérêts reste bloqué, de manière quasi permanente, sur nous-mêmes, à l’exclusion des autres, comme si nous étions seuls au monde, nous montrons un attachement excessif à nous-mêmes, nous subordonnons l’intérêt d’autrui à nos intérêts. Tout pour nous, rien pour les autres. Voilà la vilaine mentalité. C’est mon maïs à moi tout seul qui doit cuire, à l’exclusion du maïs de tous les autres. On est ainsi amené à dépasser et à outrepasser ce qui relève d’une disposition naturelle, pour se laisser enfermer dans la prison d’un véritable vice : se centrer sur soi, n’apprécier, n’évaluer tout ou rien qu’à l’aune de ses intérêts égoïstes et exclusifs. Cet égoïsme qui dépasse toutes les frontières du raisonnable prospère sur le refus d’une vertu cardinale : le partage. D’où notre premier « P ». Notre deuxième grand défaut tient au fait que nous nous rivons à notre présent, frileusement tassés sur aujourd’hui. Nous refusons, par conséquent, de voir loin, de porter notre regard vers des horizons d’avenir. Il y a, chez nous, une forte propension de l’expression française « Manger son blé en herbe ». Pour dire utiliser, dépenser un bien productif avant qu’il n’ait rapporté. Et c’est parce que nous nous refusons à voir loin. Cette démission permanente prospère sur le refus de se faire le pilote à bord de sa vie, ceci par manque de prévision.