Le RAVEC pour des élections régulières et transparentes : Les partis politiques mettent la pression

Dans son discours d’ouverture, le général Kafougouna Koné, ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, a rappelé les vertus de dialogue et de tolérance du peuple malien qui, dans sa riche histoire, a réussi à transcender ses difficultés. Rien, ni personne, a-t-il ajouté, ne doit œuvrer pour ébranler ses fondements. Il a tenu à dire que ce n’était pas un affrontement entre l’administration et les partis politiques, mais plutôt un cadre de compréhension et de complémentarité, l’objectif étant la stabilité politique de notre pays.

Le gouvernement, a-t-il souligné, est prêt à organiser les élections dans les délais constitutionnels. Ensuite, Boubacar Sow, secrétaire général du MATCL a fait son exposé sur la problématique du fichier électoral sur la base du RAVEC. A ce titre, il a rappelé le contexte et les objectifs du RAVEC, les résultats atteints au 31 janvier 2011, les liens entre le RAVEC et le fichier électoral et la situation des anomalies. Sina Aliou Théra, délégué général adjoint aux élections, a fait un exposé sur l’étude relative à l’amélioration de la qualité du fichier électoral. Il a parlé du contexte, des objectifs, de l’état des lieux et fait, notamment, état de la mauvaise qualité des listes électorales.

Le président du Parena, Tiébilé Dramé, a parlé d’une situation extrêmement difficile. Il a attiré l’attention sur le changement de termes de la Délégation générale aux élections, qui, en 2008, avait parlé de dégradations progressives du fichier issu du RACE, pour s’exprimer aujourd’hui sur des faiblesses. Soulignant la progression des chiffres entre le nombre des électeurs de 2002 (plus de 6 millions) et de 2011(plus de 8 millions), Tiébilé Dramé s’est étonné qu’on puisse continuer de garder le fichier issu du RACE.

Il a rappelé que le président de la République, après avoir dénoncé les insuffisances du système électoral, avait déclaré, en 2009, que les élections seront organisées sur la base du RAVEC. Il a recommandé que les bulletins de vote soient imprimés avec souche, numéro et à l’étranger pour éviter les imprimeries partisanes. Il a réitéré sa préférence pour le fichier issu du RAVEC et a demandé que l’administration fasse des tests de résultat du RAVEC dans 3 villages. Il a proposé la relecture de l’article 33 de la loi électorale et l’établissement de listes électorales par secteurs (fractions, villages, quartiers) pour que les partis politiques puissent bien les contrôler. Il a signalé le nombre élevé des bureaux de vote.

Le président du Parena est convaincu qu’il faille associer à l’examen du processus, les experts du MATCL, de l’INSTAT, de la DGE et des partis politiques. Le président de l’UMP, Amadou Touré, a souhaité une comparaison entre les chiffres du RAVEC et du RACE pour faire la différence. Il a réclamé un tableau exhaustif des charges entraînées par les 2 options. Son parti, a-t-il dit, a opté pour le RAVEC. Si l’on opte pour le fichier issu du RACE, a-t-il soutenu, que va-t-on dire aux partenaires techniques et financiers qui nous ont aidé à faire le RAVEC ? Mme Diallo Fadimata Bintou Touré, présidente du parti écologiste a demandé les conditions à remplir pour arriver à l’inscription volontaire avec des cartes biométriques.

Elle a proposé  de mettre à contribution l’institut des statistiques et les agents assermentés de l’Etat. Cheikh Oumar Tidiane Bidani du RPDM s’est aussi prononcé pour un fichier électoral issu du RAVEC. Younouss Hamèye Dicko, président du RDS a exprimé sa peine d’entendre des gens qui veulent que les élections de 2012 se tiennent sur la base du RACE qui est si mauvais qu’on ne peut le corriger. Il a fait état d’une impréparation notoire et a demandé que les responsables puissent rendre compte. Abba Touré, représentant du CNID, a exprimé l’option de son parti pour le fichier issu du RAVEC.

Il a même ajouté  qu’il faut mettre le RACE à la poubelle. Harouna Sissoko, représentant du FDM, a signalé sa préférence pour le RAVEC et indiqué que sa concrétisation ne dépend que de la volonté politique. ‘’ Peut-être, a-t-il ajouté, que cela n’arrange pas ceux qui sont au pouvoir. ‘’ Ahmed Cissé du parti Bara  a soutenu qu’il ne voit pas comment on peut proposer des améliorations du RACE. Il a affirmé qu’il faut donner des moyens à la DGE pour aller vers le fichier issu du RAVEC. Sans convaincre, Ibrahima N’Diaye de l’Adéma-Pasj a tenté de couper la poire en deux. En effet, il a commencé par indiquer que le RAVEC est une opportunité formidable pour finalement se poser des questions  sur la faisabilité du fichier issu du RAVEC.

Mme Hawa Sidibé, qui parlait au nom du Réseau des femmes entrepreneurs, membres du Conseil national de la société civile, a réclamé que les élections se tiennent aux dates prévues. Mahamadou Sissoko de l’URD a soutenu que son parti est pour le RAVEC. D’une gorge nouée, dans une atmosphère de classe politique acquise au RAVEC, Boubacar Sow,  secrétaire général du MATCL, a indiqué que notre pays recelait des imprimeurs qui pouvaient confectionner les bulletins de vote. Il s’est inquiété des délais constitutionnels pour faire les élections à terme. Sur les 6 millions de fiches du RAVEC, 500.000 seulement, a-t-il dit, ont été corrigées après trois ans. Interpellé sur les montants indiqués dans son exposé, Sina Aliou Théra a précisé que les budgets annoncés dans l’étude de la DGE sont évalués par des spécialistes.

Baba Dembélé

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Les débats ont continué, hier, tard dans l’après midi et la tendance vers le fichier issu du RAVEC, prononcée par la majorité des participants a été maintenue. A la clôture de l’atelier, la synthèse a été lue.

La synthèse des travaux

1- Avis partagés avec prédominance pour le RAVEC

2- Affirmer la responsabilité  du gouvernement dans l’organisation des élections

3- Veiller strictement au respect des délais constitutionnels

4- la mise en place d’un groupe d’experts (partis politiques ; MATCL ; société civile et DGE) pour le choix d’un fichier consensuel

5- Relecture des textes régissant les élections

6- Renforcement des capacités des structures et acteurs impliqués dans le processus électoral et les doter de moyens nécessaires.

B.D

Le Républicain 03/06/2011