Vendredi 16 mai 2025, Bamako – Dans une allocution solennelle devant le Conseil National de Transition (CNT), le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a présenté le Plan d’Action Gouvernemental (PAG) 2025-2026. Un document stratégique articulé autour de huit axes prioritaires, visant à relever les défis multidimensionnels du Mali et à jeter les fondations d’un développement souverain et durable.
Une priorité : sécurité et souveraineté
En tête du programme, le renforcement de la sécurité nationale s’impose comme l’axe central. Le PAG prévoit un recrutement massif de 15.000 soldats et 9.000 agents de sécurité, l’extension des infrastructures militaires à Bougouni, Koutiala, San et Nioro du Sahel, et la modernisation des équipements. Une opération baptisée Dougoukoloko prévoit le déploiement stratégique de plateformes opérationnelles sur le territoire, tandis qu’un hôpital militaire et un mémorial seront érigés à Banakoroni.
Réformer pour refonder l’État
Le gouvernement ambitionne également une refondation institutionnelle, avec l’opérationnalisation du Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (SIGRH), destiné à mieux maîtriser la masse salariale. La lutte contre la corruption s’intensifie, notamment via le gel des avoirs issus d’activités illicites ou liées au terrorisme. Des réformes sont également prévues pour encadrer les associations et ONG opérant sur le territoire.
Répondre aux besoins essentiels
Face à la flambée des prix et à la précarité alimentaire, le PAG promet des mesures d’urgence : constitution de réserves alimentaires stratégiques, distribution gratuite ciblée, importation massive de riz et de sucre. Côté agriculture, l’État mise sur l’équipement de 380 exploitants pour stimuler une production céréalière record de 11 millions de tonnes.
Santé et éducation en ligne de mire
Dans le secteur de la santé, sept cliniques modulaires, des centrales à oxygène et des laboratoires médicaux verront le jour, tandis que l’Assurance Maladie Obligatoire sera étendue aux populations vulnérables.
L’éducation bénéficiera de la construction de 85 écoles fondamentales et de 11 lycées, dont deux d’excellence. Le numérique éducatif est également mis en avant, avec la création de bibliothèques virtuelles et de plateformes en ligne. Le contrôle des établissements privés sera renforcé.
Un climat social apaisé, une jeunesse impliquée
Le gouvernement entend stabiliser le climat social par le dialogue, avec l’appui du Conseil National du Dialogue Social (CNDS), et la mise en œuvre de 60 accords syndicaux. L’insertion socio-économique de 34.000 ex-combattants, l’assistance aux victimes de violences, ainsi que la formation et le recrutement de jeunes figurent parmi les mesures phares.
Diplomatie régionale et mobilisation économique
Dans le contexte de la Confédération des États du Sahel (AES), le Mali renforce ses liens avec le Burkina Faso et le Niger, notamment en matière de lutte antiterroriste et d’harmonisation des politiques publiques. La diplomatie économique est appelée à jouer un rôle moteur dans la mobilisation de ressources, avec un soutien affirmé à la diaspora, dont les transferts ont atteint 700 milliards de FCFA en 2023.
Vers des élections inclusives et transparentes
Alors que la transition politique reste un sujet sensible, le gouvernement annonce travailler en étroite collaboration avec l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) pour garantir des scrutins transparents, sécurisés et ouverts à tous.
Trois principes pour un « Mali Kura »
Pour concrétiser ce plan, le Premier ministre a insisté sur trois principes : la transparence des engagements, la redevabilité à travers des rapports réguliers, et la rigueur dans la gestion des finances publiques.
Appelant à l’unité nationale et à la mobilisation collective, le Général Abdoulaye Maïga a conclu son intervention en invoquant les bénédictions divines et en appelant à bâtir un « Mali Kura », résilient, souverain et tourné vers l’avenir.