Le PDG de la CMDT persiste et signe: «Il n’existe pas d’engrais frelatés»

Salif Abdoulaye Cissoko

Ainsi, le Directeur national de l’Agriculture, celui de l’IER, les laborantins de Sotuba, le Président de l’APCAM, le PDG de la CMDT, l’avocat de Toguna, Souraka Diaby et bien d’autres sont, tour à tour, passé devant le juge – enquêteur.

Mais le passage du patron de la CMDT, Kalfa Sanogo, réputé pour sa rigueur et son intégrité, a été le plus médiatisé. Comme s’il était le suspect n°1. Approché par nos soins, il dit ne rien se reprocher et estime que c’est tout à fait normal qu’il aille répondre à la justice de son pays, pour l’éclairer dans cette affaire.

Manifestement, on voulait le souiller, parce que, en sa qualité de cadre honnête, il a seulement dit et répété qu’il n’existait pas d’engrais frelaté. Universitaire de son état, aujourd’hui encore il persiste et signe «il n’y a pas d’engrais frelaté». Selon lui, le mot «frelaté» s’applique aux liquides impropres à la consommation humaine. Son seul tort est donc d’avoir rectifié le vocabulaire.

Très serein, il pense que le «fond du problème se situe entre deux opérateurs économiques, Toguna Agro industries de Seydou Nantoumé et SOMADECO de Souraka Diaby. Le premier a accusé le second de livrer une mauvaise qualité d’engrais, à un prix défiant toute concurrence.

Il a prétendu avoir fait faire des analyses d’échantillons de son concurrent. Il a ensuite adressé des correspondances au GIE dirigé par Bakary Togola, qui est responsable des avis d’appel d’offres et des adjudications, pour émettre des réserves sur la qualité des produits livrés par certains adjudicataires».

Le Président du GIE, Bakary Togola, conformément aux cahiers des charges des appels d’offres au titre de la campagne 2015 / 2016, a donc fait procéder à des analyses contradictoires, qui ont confirmé que «certaines quantités d’engrais livrées par des fournisseurs sont non conformes à la norme». Par conséquent, le GIE a invité les intéressés à prendre les dispositions utiles pour le retrait et le remplacement desdites quantités.

Il s’agit de la société Souad distribution (95 T à Dioïla et 80 T à Fana), de la société Doucouré Partenaire Agro industries SA (35 T à Kignan, 29 à Kimparana, 35 à Dioila, 28 à Fana, 58 à Kita, 109 à Bamako), de la société Partenaire agricole (98T à Karangana), de la société Agro Tropic (70 T à l’OHVN et 53 à la CMDT BKO), de la société Afrique Auto (70 T à Kignan), de la société CIWARA SARL (37 T à Kignan et 80 à Kimparana), de la société SOPAM SARL (80T à la CMDT Bamako), de la société SOMADECO (139 T Bougouni, 180T Koutiala, 144 Dioila et 42 à la CMDT Bamako), de Toguna (411 T à Kignan et à la CMDT Bamako), de la société SOGEFERT (100T Sikasso), de la société SMIAS (26 T à la CMDT Bamako) et de la société SAD (94 T à la CMDT Bamako).

Pour les 99 000 tonnes d’engrais pour le complexe coton et 37 000 tonnes pour celui des céréales, Seydou Nantoumé a construit un château en Espagne. Sur un total général de 136 000 tonnes d’engrais, il n’a obtenu que 25 310 tonnes, contre 21 000 tonnes à son concurrent SOMADECO. Les autres fournisseurs se sont partagé le reste.

Malheureusement pour Seydou Nantoumé, son château s’est vite effondré, parce qu’il attendait beaucoup, en raison de l’implantation de son usine à Bamako. Il semble que c’est la préférence nationale qui ait fait qu’il a même obtenu la plus grande quantité, malgré un prix élevé par rapport aux autres. Ce qui lui a porté un énorme préjudice.

Voilà que depuis le 21 mai 2015, les sociétés qui ont livrés des engrais hors normes ont été invitées à les enlever et à les remplacer par de la bonne qualité, parce qu’il s’agissait d’une fraude savamment orchestrée. C’est pourquoi le PDG de la CMDT continue de soutenir que les engrais ne sont pas frelatés. Sinon, le record obtenu29 /u cours de la campagne écoulée ne serait pas au rendez-vous.

Rappelez-vous que le secteur coton a réalisé un bénéfice de 14 milliards 368 millions de FCFA, avec une performance jamais égalée depuis 10 ans. La production a augmenté de 440 000 tonnes à 548 695 tonnes, le rendement à l’hectare a augmenté de 916 à 1 017 kg et les paysans ont été payés avec 7 mois d’avance.
Si les engrais étaient aussi mauvais qu’on veut nous le faire croire, la CMDT n’aurait pas obtenu ces résultats. Une chose est certaine: une quantité d’engrais ne répondait aux normes requises. Nous sommes dans un domaine purement commercial: ceux qui ont livrés ces engrais de mauvaise qualité ne seront pas payés au prorata de la quantité hors nome livrée. Un point, un trait.

Cela ne peut pas être une affaire d’Etat, comme certains veulent le faire. C’est une affaire commerciale comme les autres, même si notre assiette pourrait être concernée, directement ou indirectement. Ce qui est également sûr, c’est que la qualité querellée est hors norme, elle n’est ni frelatée ni nuisible à la santé humaine. A suivre.

Chahana Takiou

Source: Le  Septembre 29/06/2015