Le paludisme recule quand on y met les moyens humains et financiers.

 

Ils sont axés sur

–         la distribution massive de moustiquaires imprégnées longue durée
–         la pulvérisation d’insecticides à l’intérieur des habitations
–         le traitement préventif des femmes enceintes
–         l’accès à de nouveaux tests de diagnostic rapide, et à de nouvelles combinaisons de médicaments très efficaces à base d’artémisinine, un composé dérivé d’une plante chinoise.

Ces efforts commencent à porter leurs fruits. « Des pays comme le Sénégal, la Zambie ou la Tanzanie enregistrent des réductions de la mortalité infantile de 30 à 40% ; et des baisses du nombre de cas de paludisme jusqu’à 50%. Cela prouve que si les programmes sont bien menés et surtout s’ils le sont à grande échelle, l’ impact est considérable », précise Eric Mouzin, médecin épidémiologiste au sein du Partenariat international Roll Back Malaria  (Faire reculer le paludisme).

A l’inverse, dans d’autres pays, la situation stagne voire se dégrade. « C’est le cas, d’une part, de grands pays d’Afrique, comme le Nigeria, ou la République démocratique du Congo, où les défis logistiques pour intervenir  auprès des populations sont considérables ; il y a d’autre part des pays qui ont du mal à trouver des partenaires, comme le Tchad, ou la Centrafrique », indique Eric Mouzin.

Sur le terrain, la situation est donc contrastée. D’un point de vue global, le nombre de décès est passé d’un million par an au début des années 2000 à 780 000 en 2009.

Les efforts concernent aussi la recherche sur le vaccin. Des financements publics et privés, notamment de la Fondation Bill et Melinda Gates, lui ont donné un coup d’accélérateur. Le candidat-vaccin baptisé RTS,S – mis au point par le laboratoire Glaxo Smith Kline – est le plus avancé. Il est en phase 3, dernière étape avant une éventuelle mise sur le marché. Des essais sont conduits en ce moment sur 15 000 enfants dans 7 pays d’Afrique (Gabon, Burkina Faso, Mozambique, Tanzanie, Kenya, Ghana et Malawi). Le but est de protéger les enfants pendant leurs premières années de vie, quand ils sont le plus vulnérable à l’infection.

« Les études menées jusqu’à maintenant chez les enfants montrent que le vaccin a une efficacité qui se stabilise autour, globalement, de 50% pour toutes les formes de la maladie ; et un peu plus pour les formes sévères, celles qui entraînent des problèmes d’anémie, de coma et de décès chez les enfants. On espère donc qu’avec ce vaccin, on pourra réduire de moitié la mortalité et les complications liées au paludisme », souligne Maxime Agnandji, chercheur à l’hôpital Albert Schweitzer à Lambaréné au Gabon. Ce vaccin de première génération, sur lequel travaillent des scientifiques du Nord et du Sud, pourrait être mis sur le marché en 2015. Néanmoins, les recherches se poursuivent pour élaborer un vaccin qui soit plus protecteur.

En attendant, la lutte sur le terrain doit s’intensifier. « Il faut que les gouvernements des pays endémiques se mobilisent, et que les systèmes de santé se renforcent », insiste Eric Mouzin. « Si aujourd’hui la population africaine n’est pas couverte dans son ensemble par les moustiquaires, les diagnostics et les traitements, c’est parce qu’il n’y a pas assez d’acteurs sur le terrain et pas assez d’argent disponible. On estime à environ 5 milliards de dollars par an les besoins au niveau planétaire pour lutter contre le paludisme de manière efficace. Même si la mobilisation financière s’est renforcée au cours des dernières années, les financements restent insuffisants ; ils étaient de 1,8 milliard de dollars en 2009 et de 1,6 milliard en 2010. Du fait des crises financières aiguës à travers le monde, la mobilisation n’a pas suivi », regrette-t-il.

Dans ce contexte de crise, certains plaident pour des financements innovants, sur le modèle de la taxe sur les billets d’avion créée il y a 4 ans et qui existe dans une quinzaine de pays. Des organisations non gouvernementales, des responsables politiques et des économistes défendent l’idée d’une taxe sur les transactions financières pour venir en aide aux pays en développement. Mais si cette taxe voit le jour, la santé ne devra pas être oubliée.