Le ministre Ibrahim Ikassa Maïga à l’émission Malikura Taasira:

Ibrahim Ikassa MAIGA

Pour le ministre Ibrahim Ikassa Maïga, le Mali est aujourd’hui, en train d’opérer le changement attendu… La refondation est perceptible dans la gouvernance des affaires publiques ; C’était lors de son passage dans l’émission Malikura Taasira.

« Les ressources nous sont coupées depuis plus d’un an, aujourd’hui, mais nous tenons. Pourquoi parce que nous avons assaini notre système de gestion, nous avons amoindri la mauvaise gouvernance dans ce que nous faisons. La Refondation est perceptible dans la production nationale et la consommation nationale, du point de vue agricole, industriel et autres aspects artisanaux. Oui c’est perceptible, nous le touchons du doigt. Il y a eu une production record dans le domaine cotonnier cette année et je pense que les gens l’ont vu et ils l’ont perçu, parce que cela a été préparé de façon méthodique. Il y a une gestion plus saine dans la politique de mise à disposition des intrants. C’est tout cela qui fait une refondation, mais aussi dans les affaires en général, qui touche les questions de reformes.… », a-t-elle indiqué.

A la question de savoir comment faire pour avoir ce Mali Kura et pour avoir ce Malien nouveau, le ministre s’est montré rassurant. « C’est cette vision qu’il faut partager, cette vision qui dit que oui quelque chose de meilleur est possible au Mali et que chaque Malien doit l’intégrer ». Et d’ajouter que le département de la Refondation a pour mission d’aller justement à la conquête du Malien pour qu’il accepte cela. 

«…Vous avez vu le discours d’investiture déjà du président de la Transition, un certain 7 juin 2021, les couleurs de la transition étaient déjà annoncées. Il faudrait que dans le plan d’actions du gouvernement, cela puisse transparaître. 4 axes avaient été définis, le renforcement de la sécurité, les reformes politiques institutionnelles, de meilleures élections à organiser, mais aussi une gouvernance vertueuse pour faire face à la demande sociale et justement conclure un pacte de stabilité avec tous les citoyens maliens, toutes les forces politiques, sociales, syndicales et autres légitimités. C’est cela qui est aujourd’hui en cours », a-t-il expliqué. 

Pour le ministre Ibrahim Ikassa Maïga, le Malien est résilient, parce qu’il est conscient qu’il ya une marche forcée vers le changement, auquel il doit prendre part. C’est, assure-t-il, très important, « c’est un défi, mais nous sommes en train aujourd’hui de l’accomplir. Il a fallu que le Premier ministre rencontre les différentes forces politiques et sociales, qui partagent cette vision, cette confiance en l’avenir, cela a été fait. « Les ministres du Triumvirat, dont je fais parti, ont entrepris aussi de démarcher les forces politiques sociales, de faire des audiences tout azimuts, d’opérer des visites aux forces politiques et sociales pour partager cette vision. Mais aussi, le président de la transition a ensuite mis en mission un panel avec une commission nationale d’organisation, pour qu’on puisse progressivement tenir une table ronde en fin septembre, pour partager la vision de la refondation, le format des assises nationales de la refondation, mais aussi le format de l’organe unique de gestion électorale avec un nouveau système électoral, bâti sur justement l’autorité indépendante de gestion des élections… »

A propos de la promotion de la bonne gouvernance, le ministre de la Refondation dira qu’il s’agit d’une réalité palpable aujourd’hui. « Nous sommes dans la lancée d’une autonomisation économique et financière. Je pense que c’est une réalité malgré les vicissitudes de l’heure, une crise mondiale, mais aussi un embargo, des sanctions de nos communautés d’intégration régionales, je cite la CEDEAO et l’UEMOA, mais qui sont injustes, inhumaines et illégales mais qui nous frappent. Malgré cela, nous avons pu instaurer une meilleure gouvernance. Mais c’est une politique résolue et c’est d’abord une volonté politique, qui est déjà mise en pratique, sans attendre et qui donne déjà des résultats. Mais, il y a aussi des études qui sont en cours dans ce sens. Il y a une étude sur l’élaboration d’une stratégie nationale de bonne gouvernance et de lute contre la corruption. Il y a une étude sur la rationalisation des structures administratives, mais il y a aussi une étude sur la dépolitisation de l’administration que les meilleurs cadres, les meilleurs responsables des structures ne puissent pas être mis aux vicissitudes politiques, je dirai même politicienne où une volonté politicienne vient juste dégommer un agent, alors qu’il est performant dans sa place et donne des résultats. Il faudrait qu’on puisse aussi aller vers un certain renouveau. Donc, si tout cela est mis ensemble, nous auront un nouveau système », a-t-il assuré.

Concernant le système intégré de gestion des ressources humaines des fonctions publiques de l’Etat et des Collectivités, le ministre de la Refondation dira que depuis longtemps, on s’est rendu compte que les effectifs de la fonction publique d’Etat et, plus récemment des Collectivités territoriales, n’étaient pas maîtrisés, autant dans la fonction publique d’Etat dans l’administration civile que des forces de défense et de sécurité aussi. D’ailleurs le département de la défense a déjà pris une longueur d’avance. Depuis le mois de septembre, il ya justement une politique d’enrôlement biométrique des effectifs des forces de défense et de sécurité, qui est en cours, pour qu’on les maîtrise, c’est cela qui se duplique dans l’administration générale aujourd’hui, où le président de la transition a commis cette mission d’aller vers la résolution de ce programme,  en dénombrant un à un les agents de la fonction publique de l’Etat et des Collectivités et en intégrant les deux systèmes ; puisqu’aujourd’hui, il y a une dichotomie entre les différents systèmes. Il s’agit simplement de s’assurer d’une meilleure gestion, d’une meilleure gouvernance des affaires publiques. Ce n’est pas répressif, c’est juste une gestion courante mais ça nous permet d’avoir les effectifs, de maîtriser la masse salariale et de pouvoir redéployer les déperditions financières vers le mieux-être des Maliens. 

Quid des anomalies ont été signalées ? Ibrahim Ikassa Maïga souligne que depuis fort longtemps, au sein de la fonction publique, il y a des agents émargeant et dans la fonction publique d’Etat et dans celle des collectivités, ou des cas de doubles numéros d’immatriculation, ou aussi des agents qui sont décédés, mais dont les salaires continuent d’être payés et perçus, par qui ? « Il va falloir les chercher et les trouver. Il y a aussi des cas où, puisque le système n’est pas informatisé, des agents qui sont presqu’à la retraite, mais qui arrivent à changer les données d’état-civil pour pouvoir demeurer longtemps. Finalement, ça biaise tout un système, ça empêche même de planifier les recrutements et les départs à la retraite. Ça empêche de donner la  chance aux jeunes diplômés d’être embauchés », a-t-il relevé. 

Et de se référer aux résultats du dernier concours de la fonction publique, gérés sans faute. Chapeau, dira-t-il, à Mme le ministre de Travail et de la fonction publique. « Elle a d’ailleurs institué une nouvelle gouvernance des rapports entre le gouvernement et les organisations syndicales. Un préavis est déposé, immédiatement, on prend langue avec les organisations. Une commission de conciliation ouverte pour comprendre et concilier beaucoup d’actions syndicales… Donc, c’est du renouveau à tous les niveaux. Je parlais avec  l’assainissement de la gestion des fonctionnaires, mais il ya un renouveau dans la justice pénale. La politique pénale a changé de cap aujourd’hui. Il y a une lutte résolue contre la corruption et l’impunité. Tous cela, ce sont des éléments du renouveau, qui permettent de dire  que le changement est palpable ». 

 A la question de savoir si la transition aura le temps de mettre toutes les résolutions des assises nationales de refondation en œuvre, le ministre s’est référé au cadre stratégique de refondation de l’Etat, récemment adopté, assorti de deux annexes. « Le premier est un plan d’actions bâti sur les recommandations des assises. De cela, est extrait un plan d’actions prioritaires pour la période de transition, que les autorités de transition vont s’évertuer à mettre en œuvre  de façon systématique, pour jeter les bases de la refondation, mais de façon irréversible pour que les gouvernants qui viendront ne fasse que bâtir, pan par pan, le processus de refondation en mettant en œuvre les autres actions contenues dans le plan quinquennal da la refondation…. Donc, tout ne peut pas être réalisé pendant la transition, bien entendu. Ce sont des actions prioritaires au nombre de 62, qui ont été identifiées. Le comité d’orientation de la refondation de l’Etat autour du Premier ministre, avec tous les ministres pour s’assurer que les actions vont être mis en œuvre et d’ailleurs, les secrétaires généraux des  différents départements ministériels vont se retrouver autour du Triumvirat pour s’assurer que les actions confiées à chaque département seront mises en œuvre, suivies à travers les secrétaires généraux des départements », avec implication des autres forces politiques et sociales, des autres institutions… lEt d’ajouter que le point est successivement fait jusqu’au niveau du comité d’orientation stratégique auprès du Premier ministre, qui sera alors le répondant du deuxième mécanisme de suivi du comité indépendant de suivi-évaluation des recommandation des assises sincères, créé par décret du 20  avril 2022 auprès du président de la Transition, pour avoir une surveillance indépendante de la mise ne œuvre effective des actions prioritaires identifiées… 

Quid des valeurs sociétales maliennes qui semblent perdues pour cette refondation ? Pour le ministre Ibrahim Ikassa Maïga, les reformes à opérer se feront en intégrant nos valeurs sociétales, qui nous sont propres et qui sont positives, mais que nous avons tantôt négligées. « Le fondement de ses valeurs, c’est nos autorités traditionnelles et coutumières. Vous avez vu le président de la Transition appeler toutes les légitimités traditionnelles de part le Mali, de toutes les régions pour les rencontrer ici et dédier la journée du 11 novembre désormais à leur honneur. Il a aussi décidé de les remettre dans leur rôle, parce que notre société est bâtie sur nos légitimités. Aller dans nos villages, vous trouverez rarement la présence de l’administration et des autorités judiciaires et même policières ; pourtant ce sont des villages qui fonctionnent. Les citoyens règlent leurs affaires, leurs conflits et ça fonctionne. Donc, il y a des réalités qu’on peut emprunter même pour les insuffler dans nos institutions au niveau supérieur. C’est pour cela que le président de la Transition a aussi instruit d’aller à la recherche de nos valeurs sociétales les plus anciennes, les plus positives.  C’est pour cela qu’un comité d’experts a été installé et a fait des études, consulté toutes les légitimités. Tous les hommes qui sont détenteurs de ces valeurs-là, pour en faire un répertoire. Au niveau du ministère de la Culture, un code des valeurs, qui est en cours d’élaboration et qui va alimenter ce programme national d’éducation aux valeurs, qui vont être enseignées au niveau primaire, secondaire et universitaire et aussi dans les instituts de formation professionnelle, comme l’institut de formation judiciaire, l’EMIA pour les forces armées et de sécurité, l’ENA et SNJ, où ceux qui y sont formés et qui ont vocation à gérer les affaires publiques, seront rappelés à nos valeurs, pour leur dire qu’on va leur confier des parcelles de pouvoir, on va vous confier une partie du budget national. » 

Sommes-nous donc à la recherche d’un Malien perdu qui doit revenir à ses sources ? « Absolument, s’il faut le dire en ces termes, c’est exactement cela. Et d’ailleurs le Malien est perdu, cela a perdu le Mali. Le Mali était tombé, l’Etat n’arrivait plus à assurer ses rôles régaliens et c’était ça le drame. Nous étions devenus la risée du monde et c’est ce qu’il faut inverser comme tendance et bâtir un Mali nouveau, notre Mali kura refondé. C’est ça le challenge… », a répondu le ministre de la Refondation…. 

Abréhima GNISSAMA