Le Mali ne doit pas devenir l’Afghanistan de l’Afrique


Dans la situation actuelle du Mali, il y a une sérieuse menace de +somalisation+ et la création d’un Afghanistan de l’Afrique, déclare le président de la Raddho, Alioune Tine, dans le rapport de sa mission sur place du 4 au 13 avril, dont l’AFP a reçu copie.

Ce séjour a été effectué après le coup d’Etat d’officiers qui ont renversé le 22 mars le président malien Amadou Toumani Touré (ATT), ouvrant la voie à une progression-éclair de mouvement armés – rebelles touaregs, islamistes, bandes criminelles – qui menaient depuis mi-janvier une offensive contre l’armée dans le Nord.

En trois jours, entre fin mars et début avril, ils ont pris le contrôle de Kidal, Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest), la moitié de ce pays de plus de 1.240.000 km2 et de plus de 15 millions d’habitants.

L’effondrement de l’Etat et de la démocratie au Mali ont été spectaculaires par leur rapidité et leur ampleur, et les admirateurs – nombreux dans le monde – d’Amadou Toumani Touré ont été surpris par le cauchemar malien survenu d’une manière aussi soudaine, observe la Raddho.

Toute l’internationale islamiste s’est donné rendez-vous au Mali, notamment à Gao et Tombouctou où nous avons Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), Ansar Dine (groupe islamiste dirigé par un chef touareg malien), Boko Haram (groupe islamiste né au Nigeria) et peut-être demain les shebab (islamistes somaliens), ajoute-t-elle.

D’après l’ONG, c’est une des conséquences désastreuses de la guerre en Libye notamment, car parmi les assaillants du nord du Mali, figurent des Touareg lourdement armés rentrés de Libye où ils avaient combattu avec les forces de Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen déchu et tué en 2011.

Comment des milliers de rebelles ont pu quitter la Libye avec 35.000 tonnes d’armements, traverser le Niger, longer toute la frontière de l’Algérie jusqu’à Kidal sans attirer l’attention des services algériens, américains et français?, s’interroge-t-elle, se demandant également comment les pays ouest-africains n’ont pas pu prévenir cette menace, et comment les services maliens ont pu être aveuglés par une menace aussi grosse.

La Raddho appelle la communauté internationale à garantir l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Mali.

Elle interpelle le Conseil de sécurité à se saisir de la question malienne en urgence pour éviter que la sous-région ne soit déstabilisée par des pouvoirs terroristes et obscurs, et invite des pays voisins du Mali et organisations régionales à s’impliquer objectivement dans la résolution rapide de la crise, entre autres appels.

Tous les pays de l’Otan qui étaient impliqués dans le conflit libyen ont une responsabilité, même indirecte, par rapport à la situation actuelle du Mali, et doivent mobiliser toutes les ressources et les moyens logistiques pour (y)mettre un terme d’urgence, car cette crise constitue également une menace pour leur propre sécurité et aussi une bombe à retardement pour toute l’Afrique de l’Ouest, estime encore l’ONG.


(©AFP / 19 avril 2012 21h29)