LE MALI EST, PLUS QUE JAMAIS, SUR UNE PENTE OBSÉQUIEUSE IBK est désormais face à l’histoire et à son destin Si l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita en 2013 avait suscité beaucoup d’espoirs, la fin de son deuxième mandat préoccupe plus d’un malien. Depuis son élection à la magistrature suprême du Mali le pays ne fait que s’enfoncer dans les crises, au point que les maliens dans leur écrasante majorité se demandent s’ils ne se sont pas trompés de marchandise. La déception est totale et aucun signe n’annonce la fin du calvaire. C’est pourquoi certaines organisations de la société civile, certains partis politiques et même des leaders religieux ont décidé de se donner la main pour former un front contre le régime considéré comme la cause de l’exacerbation de toutes les crises qui sévissent au Mali. A trois ans de la fin de son dernier mandat, IBK va-t-il répondre favorablement  aux multiples attentes de son peuple ? Va-t-il louper son rendez-vous avec l’histoire ? Par son incapacité à satisfaire les aspirations légitimes de son peuple, IBK n’est-il pas en train d’avoir un destin tragique ?    

Depuis sept longues années, le Mali traverse une crise multidimensionnelle aux conséquences graves sur les conditions de  vie et surtout sur le vivre ensemble  des maliens. Kidal s’est affranchi sous la tutelle du Mali, le centre est empêtré dans une guerre communautaire, où des communautés ayant vécu pendant des siècles s’entretuent rendant le vivre ensemble difficile et annihilant tous les efforts de développement. Le sud est en proie à une crise sociale aigüe, consécutive à la mal gouvernance.

En effet, le Mali sous le Général Moussa Traoré n’a rien à envier à celui d’IBK tant la corruption, le népotisme, la gabegie ont été érigés en mode de gouvernance, ce qui a suscité au sein de l’opposition et de la société civile une véritable levée de boucliers pour dire ça suffit. Le Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques, M5 RFP est la conséquence de cette mal gouvernance. Composé des partis politiques, d’associations de la société civile, le M5 RFP s’est engagé dans le combat contre le régime IBK après avoir fait le constat qu’il a échoué et qu’il serait à court d’idées pour sortir le pays du profond gouffre dans lequel il l’a plongé depuis 2013.

Pour rappel, la démission d’IBK avait été longtemps mise en avant, car disent-ils, il demeure le problème donc il ne pourrait pas faire partie  de la solution. Mais avec l’implication des médiateurs nationaux comme internationaux,  force est de constater que le M5 RFP avait mis sous veilleuse  cette revendication, pour donner une chance à la décrispation pour une sortie de crise. Les leaders du M5 RFP ont par contre  maintenu les autres points de revendication, qui devraient être une base de négociation. Il a fallu qu’IBK tienne un discours  à 48 heures du grand rassemblement pour mettre à l’eau les fragiles acquis. Et pourtant beaucoup de maliens avaient fondé de l’espoir sur ce discours pour apaiser les ardeurs des manifestants, mais c’est le contraire qui s’est produit, il  a plutôt mis de  l’huile sur le feu et  le M5 RFP a remis sa principale revendication qui est  relative à la démission d’IBK. Son discours a fini par convaincre les derniers des maliens qu’il n‘a ni la volonté, encore moins la capacité de sortir le Mali de sa crise multidimensionnelle d’où la sortie massive des citoyens pour demander sa démission est celle de son régime.

En définitive, à quelques années de la fin de son mandat et certainement de sa carrière politique, pour sortir par la grande porte de l’histoire, IBK ne pourra-t-il pas se démarquer de tous les clans mafieux qui s’agitent autour de lui pour prendre les décisions qui sont bonnes pour le Mali ? Son salut, s’il ne veut pas louper le rendez avec l’histoire, passera par des concessions, des compromis et une prise en compte de certaines revendications de ses opposants. Le plutôt serait le mieux.

Youssouf Sissoko