Le COPA charge le gouvernement de transition « Cheick Modibo est incapable, il doit démissionner ! »

 

Alors qu’il y a quelques jours les militants du front anti-putsch (FDR) lui faisaient allégeance, et exprimaient leur soutien au gouvernement de transition qu’ils ont intégré depuis le 20 août, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra est lui de faire l’unanimité au sein de certains regroupements politiques et de la société civile.

Au Collectif des organisations patriotiques, (réputé proche de l’ex-junte), on se ne fait pas l’allusion : « Le chef du gouvernement est loin de répondre aux attentes du peuple malien face à ses missions prioritaires : la reconquête du territoire et l’organisation de prochaines élections ». La révélation a été faite ce dimanche 14 octobre par son président, Makan Konaté, à la faveur d’une conférence organisée à la Maison de la presse.

Une dizaine de griefs formulés par le regroupement pro junte contre le patron du gouvernement que le Copa qualifie d’apprenti de l’administration. « Les défis sont tellement nombreux et difficiles qu’on n’a pas besoin de quelqu’un qui apprend la conduite de l’Etat », remarque le président du Copa, pour qui le chef du gouvernement a commis de nombreuses gaffes qui ont fragilisé le tissu social et la confiance entre le peuple malien.

Makan Konaté en veut pour preuve la lettre adressée en mai dernier par Cheick Modibo Diarra à la Cour constitutionnelle demandant la prolongation de deux semaines du délai de l’intérim de Dioncounda Traoré. Jusqu’à l’agression du celui-ci le 21 mai dans son bureau, la réponse des « 9 Sages » de la Cour constitutionnelle à cette requête a été maintenue au silence par le Premier ministre. Pour le Copa, il y a véritablement une volonté délibéré d’empirer la polémique au moment où c’était déjà tranché par la Cour constitutionnel.

« Un Premier ministre incapable sur toute la ligne »
Le comité technique d’organisation des « concertations nationales » est objet à discorde entre le Copa et le chef du gouvernement. Pour le regroupement pro junte, les critères de choix des membres de ce comité reste à édifier et viole l’esprit d’union nationale recherchée aujourd’hui par tous les Maliens.

« Ce Comité, nous l’avons constaté, est constitué d’amis et intimes du Premier ministre. Or, leur tâche est d’autant plus sérieuse que Cheick Modibo ne peut pas tout résumer à a sa seule personne. Ceci est inadmissible », a asséné le président du Copa, qui explique que si la nomination de l’ex  pensionnaire de la Nasa a suscité de l’espoir chez les Maliens, six mois après le bilan est des plus décevants.

L’un des griefs retenus par le Collectif des organisations patriotiques contre le chef du gouvernement, c’est aussi les nominations à tour de bras de cadres issus de l’ex-dictature sous Moussa Traoré, de parents de sa femme, l’ex-Première dame Mariam Sissoko ou encore de son parti (le RdPM), dont le vice-président, Yaranga Coulibaly hérite du prestigieux portefeuille de l’Agriculture dans le gouvernement du 20 août dernier. Pour le Copa, la restauration est en marche, la revanche de Cheick Modibo Diarra contre le Mouvement démocratique ne fait l’ombre d’aucun doute.

Le Copa d’ajouter que le bilan du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, c’est aussi, la souffrance des Maliens après la flambée brutale du prix des produits de première consommation : eau et électricité, gaz, carburant, etc. Pour le président du Collectif des organisations patriotiques, le Premier ministre n’a plus la confiance des partenaires du Mali. « Son incapacité à trouver les initiatives pour assoupir les souffrances des ménages est évidente », a martelé Makan Konaté.

L’aide chinoise bloquée
Au moment où une partie des armes du Mali était bloquée dans les ports de certains pays voisins, une folle rumeur a fait le tour de Bamako. Il s’agit de cette mission de Seydou Badian Kouyaté en Chine en vue de convaincre les autorités d’appuyer le Mali en armements pour faire face au défi de la reconquête du territoire.

L’ancien compagnon du président défunt Modibo Kéita, qui garde de très bonnes relations avec les autorités chinoises, a eu l’accord de principe du gouvernement Hu Jintao. Le document officiel qui devait formaliser cette demande, a été malheureusement bloquée par le Premier ministre, en l’absence du président Dioncounda Traoré qui était en soins à Paris. L’information, qui nous a été confirmée par l’entourage de Seydou Badian, provoque aujourd’hui la colère et l’indignation de nombreux Maliens. Et le Copa de qualifier ce refus injustifiable, et qui traduit des intentions inavouées du Premier ministre.

Joint par nos soins, des proches du Premier ministre se refusent de commenter ces allégations. Au Haut conseil islamique, accusé par le Copa d’« embarquer les musulmans dans les querelles politiciennes et de cirer les bottes du Premier ministre, on opte pour le silence. Pour les membres contactés, il faut consolider l’élan de stabilité et éviter les polémiques ».

Mais pour le Copa, le maintien de cette stabilité passe par l’état des lieux des actions de Cheick Diarra. Et au regard de ce qu’ils qualifient d’imperfections, d’amateurisme dans la gestion du pays, les militants du Copa réclament la démission du Premier ministre. Le regroupement pro-junte, qui prévoit une série d’actions dans la rue, interpelle le président par intérim, Dioncounda Traoré, à prendre ses responsabilité. « S’il ne le fait, c’est le peuple malien qui le fera », prévient Makan Konaté.

Issa Fakaba Sissoko

L’ Indicateur Du Renouveau 16/10/2012