Le Congo se coupe du monde pour élire son président

Les électeurs congolais étaient appelés aux urnes dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle que Denis Sassou-Nguesso abordait en position de grand favori. Le scrutin s’est déroulé dans le calme dans la capitale.

Les autorités ont annoncé samedi la coupure de toutes les télécommunications dans le pays dimanche et lundi « pour des raisons de sécurité et de sûreté nationales » afin d’empêcher l’opposition de publier des « résultats illégaux ».

En l’absence de communications téléphoniques, les journalistes de l’AFP présents à Brazzaville n’étaient pas en mesure d’obtenir des informations sur le déroulement du scrutin dans le reste du pays. A Brazzaville, à la mi-journée, les opérations de vote se déroulaient dans le calme.

Le scrutin devait commencer à 07h00. Dans la plupart des bureaux de vote visités par l’AFP les opérations de vote ont commencé avec un retard d’une heure. Les bureaux devaient fermer à 18h00.

Peu après, plusieurs dizaines de policiers lourdement armés ont tiré une dizaine de grenades lacrymogènes et pourchassé brièvement des jeunes partisans du candidat d’opposition jusqu’à ce qu’ils évacuent les lieux.

Ce bref épisode de violence semble avoir été un cas isolé à l’issue d’une journée électorale qui s’est déroulée dans le calme dans la capitale congolaise. La présence policière était visible, notamment aux barrages filtrant les véhicules autorisés à rouler, mais en rien écrasante.

Faible participation
D’une manière générale, l’affluence n’était pas très forte à la mi-journée, mais c’est une constante les jours de vote au Congo. M. Sassou a voté dans le centre de Brazzaville vers 11h15.

Coalisés contre le président, cinq candidats d’opposition estiment que les conditions ne sont pas remplies pour des élections « sincères, crédibles et transparentes ».

N’ayant aucune confiance dans la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) chargée de publier les résultats, les cinq candidats du pacte anti-Sassou – Guy-Brice Parfait Kolélas, Jean-Marie Michel Mokoko, Claudine Munari, André Okombi Salissa et Pascal Tsaty Mabiala – ont créé une « commission technique » parallèle pour surveiller le scrutin.

Ses délégués avaient pour mission de photographier à l’aide de téléphones portables les procès-verbaux des bureaux de vote afin de compiler ses propres résultats pour les comparer à ceux publiés au niveau national.

Depuis 1979
La coupure des communications les a empêchés de le faire. L’opposition avait assuré qu’elle alignerait cinq délégués dans chaque bureau de vote du pays, mais n’y était parvenue dans aucun de ceux visités par l’AFP à Brazzaville.

A la tête du Congo de 1979 à 1992 sous le régime du parti unique, M. Sassou Nguesso était revenu aux affaires par les armes en 1997, avant d’être élu en 2002 et réélu en 2009 lors d’élections contestées par l’opposition. Sa candidature a été rendue possible par un changement de Constitution.

Les résultats pourraient être connus à partir de lundi soir.

(ats / 20.03.2016 22h25)