L’association Amalia / Vers le « printemps malien » ?

« La fracture entre la jeunesse et les gouvernants du fait de l’injustice sociale,  de l’absence de politique  d’emploi, de perspectives pour la jeunesse, de la corruption et de la gabegie ».  Par conséquent, Amalia  veut se donner une niche : celle de mobiliser la jeunesse pour la défense de ses droits.

Une marche en fin septembre

Le mouvement a obtenu son récépissé en juin dernier mais est sur le terrain depuis 2008. « Ce que nous avons fait depuis 2008, c’est de sonder, mobiliser, débattre et assister».  Bah assure s’être rendu dans toutes les communes de Bamako et pris contact avec des centaines de jeunes.  « Au départ, nous étions deux à aller sur le terrain tous les jours. Aujourd’hui, nous sommes une trentaine.» Les initiateurs sont relativement satisfaits de leur capacité de mobilisation qui dépend surtout des critères de recrutement dont le système du « jama tiguiya ». En fait, l’identification et la persuasion de jeunes leaders d’opinion. « La trentaine, à cette date »,  poursuit M. Bah. Lequel ne se tape pas la poitrine cependant. « Notre marche de fin septembre sera pour nous un grand test ».  En effet, Amalia projette d’organiser une grande marche d’interpellation de la classe politique en fin septembre. Cible ? Les  candidats à la future présidentielle comme si pour Amalia la parenthèse Att était déjà derrière nous.

La doctrine Amalia

« Nous voulons savoir les projets politiques et économiques de ces candidats pour la jeunesse».  Une marche pour ça ? Ce n’est pas, savent les initiateurs d’Amalia, la réponse la plus appropriée. Mais il s’agit de démontrer la capacité de mobilisation de la jeunesse ce jour là. Pour ne plus s’asseoir et pour influencer, du poids de la jeunesse, les futures échéances électorales. Pour qui donc roule Amalia ? « Nous n’avons aucun candidat et nous le disons d’une voix et très clairement. L’indépendance d’Amalia n’est pas négociable ». Mais le mouvement a tout de même dressé le portrait-robot du président des jeunes en 2012 : « un porteur de vision et de projet dans lesquels les jeunes se reconnaissent ; quelqu’un de rigoureux et d’intègre qui ne transige pas avec les intérêts du pays ; un défenseur de l’équité et de la justice sociale ; enfin un travailleur acharné ».

C’est que pour Amadou Bah il faut rompre avec l’existant. « Il est inconcevable que nous nous cantonnions aux programmes quinquennaux ou décennaux édictés par la Banque Mondiale ». Même le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, grande fierté de nos gouvernants, ne trouve pas grâce à ses yeux. Amalia estime qu’une bonne politique d’emploi massif et de perspective pour les jeunes exige l’affranchissement de ces plans. « Le laxisme et l’impunité sont à proscrire tout comme la résignation face à la dérive de l’école ».  Car, ce n’est tout, selon M. Bah, que « l’éducation soit le premier budget  si sa gestion n’est pas efficace».

Adam Thiam

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Quatre questions au président d’Amalia

Amadou Bah, ce consultant en pétrole qui a travaillé au Tchad, au Cameroun, au Congo et en Libye, est aussi l’initiateur d’un projet de logements sociaux qui attend de voir le jour. Sur le modèle ougandais et avec des partenaires australiens, le projet vise à construire au minimum 25 000 logements à partir de 15 millions Cfa. Le projet s’adosse à une usine locale de préfabriqués qui créerait en deux ans 50 000 emplois.

Le Républicain : Où en êtes-vous, même si ce n’est pas un projet d’Amalia, avec le projet de logements sociaux ?

Amadou Bah. Le projet a été reçu par l’administration avec beaucoup d’incrédulité. Figurez-vous qu’on m’a dit que beaucoup d’escrocs étaient venus avant des projets de ce genre ! Pour tout dire, nous avons toutes les études prêtes. Et nous avons même écrit au Président de la République pour son assistance. C’était en août 2010.

Et alors ?

Nous attendons encore.

Mais est-ce que votre handicap n’est pas d’être un binational connaissant peu le terrain ?

Je balaie d’un revers de main ce préjugé qui est tenace puisqu’il est même inscrit dans notre future constitution. Regardons seulement de très près les fléaux que Amalia dénonce et voyons quelle est la part de responsabilité des binationaux dans la corruption, la dérive de l’école, etc.

Amalia ne travaille t-il pas vraiment à un printemps malien ?

Non, nous ne souhaitons pas. Mais Amalia travaille à sa force d’analyse et de proposition à un Mali prospère.

Et si vous on vous faisait le procès de faire du bruit pour rien ?

Je donnerai rendez-vous à ces sceptiques en janvier 2012 où nous soumettrons aux Maliens notre projet politique et économique.

Propos recueillis par A.T.

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Quelques figures d’Amalia

Hamidou Dagnioko (Vice-président),  42 ans, président de la Maison des Artisans.

Bréhima Diakité, (Secrétaire général),  30 ans, enseignant du supérieur.

Boubacar Bah, (Trésorier),  35 ans, opérateur économique.

Mahamadou Kéita,  (Commissaire aux conflits),  opérateur minier et bi national franco-malien de 46 ans rentré au Mai en 2007 pour sa troisième tentative de retour définitif.

A.T

Le Républicain 05/09/2011