La Tunisie facilite le retour des migrants africains irréguliers sans passer par l’OIM

Le 20 juin, Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la Garde nationale tunisienne, a annoncé que l’État tunisien avait commencé à fournir des billets d’avion aux migrants subsahariens en situation irrégulière afin de faciliter leur retour dans leur pays d’origine, indépendamment de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Cette mesure s’inscrit dans un contexte de dégradation préoccupante des conditions de vie des migrants, notamment à Sfax, où des milliers de campements informels ont été démantelés ces dernières semaines.

Depuis le discours anti-migrants du président Kaïs Saïed en février 2023, la lutte contre l’immigration irrégulière est devenue une priorité gouvernementale. Le nombre de migrants concernés est estimé entre 20 000 et 25 000 selon les ONG. Dans la région d’al-Amra (Sfax), ces personnes, majoritairement sans emploi ni hébergement, vivent dans des conditions précaires et sont confrontées à des expulsions violentes, des arrestations arbitraires et des destructions de leurs abris par les forces de l’ordre.

En parallèle, le gouvernement tunisien exhorte l’OIM à intensifier son programme de « retours volontaires ». Entre janvier et mai 2025, environ 3 500 migrants auraient quitté la Tunisie grâce à ce dispositif, dont 1 009 en avril. Le président Saïed a toutefois jugé ces chiffres insuffisants, appelant les organisations partenaires à accentuer leurs efforts.

Contrairement aux programmes encadrés par l’OIM, les retours organisés directement par l’État tunisien ne prévoient pas d’accompagnement financier. En 2024, l’OIM avait enregistré un nombre record de retours (7 250), un chiffre en forte hausse par rapport aux années précédentes.

Pour plusieurs ONG, ces « retours volontaires » sont en réalité contraints. Romdhane Ben Amor, porte-parole du FTDES, dénonce une politique qui pousse les migrants à quitter la Tunisie sous la pression, en les transformant en boucs émissaires de la crise migratoire.

rédaction

diasporaction.fr