LA CHASSE AUX FILS D’ANCIENS PRESIDENTS CONTINUE EN AFRIQUE Après Seif Al Islam Kadhafi,  Karim Wade et  José Filomeno dos Santos, à qui le tour ?

Pourquoi la plupart des chefs d’Etat africains ne connaissent pas une vie tranquille après leur départ du pouvoir ? C’est soit eux-mêmes s’ils sont encore en vie ou certains membres de leurs familles qui ont  des lendemains troubles et difficiles. Ce furent les cas de l’ancien Président libyen Mouammar Kadhafi, avec son fils Saif Al Islam, d’Abdoulaye Wade, l’ancien Président Sénégalais, avec son fils Karim Wade et de José Edouard Dos Santas, celui d’Angola qui a assisté, impuissant, le lundi 25 septembre, à l’incarcération de son fils José Filomeno Dos Santos pour fraude, détournement de fonds, trafic d’influence, blanchiment d’argent et association criminelle. N’est ce pas là une belle  leçon pour tous les chefs d’Etat africains qui déroulent le tapis rouge à leurs progénitures comme si leurs pouvoirs étaient éternels ?

Seif al-Islam Kadhafi serait  le premier fils d’ancien Président à connaitre les déboires de la justice de son pays, arrêté en novembre 2011 par les milices formées d’anciens rebelles de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli),  sa capture était intervenue quelques semaines après la capture par les forces rebelles et la mort de son père Mouammar Kadhafi, qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant 42 ans. Le fils de l’ex-dictateur libyen qui a fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité commis pendant les huit mois de révolte en 2011 a subi les atrocités des milices qui le détenaient. Il a été  même condamné à mort en juillet 2015 par un tribunal de Tripoli pour son rôle dans la répression meurtrière de la révolte de 2011, avant d’être libéré  par les mêmes milices qui le détenaient.

Après Seif Al Islam Kadhafi c’est au tour de Karim Wade le fils de l’ancien Président sénégalais Abdoulaye Wade  de gouter à la prison. C’est un lundi 23 mars 2015 que l’arrêt a été rendu contre Karim Wade et neuf co-accusés dont en  voici un commentaire d’un confrère sénégalais : « Le rideau vient de tomber sur le feuilleton judiciaire qui a tenu le Sénégal en haleine pendant près de deux ans et demi. Après un mois de délibéré, le président de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Henri Grégoire Diop, a dévoilé ce lundi 23 mars le jugement rendu contre Karim Wade, 46 ans, et ses neuf co-prévenus – dont quatre se trouvent hors du Sénégal. Le fils de l’ancien président écope d’une peine de six ans de prison ferme, et d’une amende de 138 milliards de francs CFA.  … »

Pour certains, « Karim Wade  a cristallisé l’arrogance, les prévarications et l’absolutisme des dernières années du règne d’Abdoulaye Wade ». Et ce dernier en déployant le tapis rouge à son fils, passé en sept ans du statut de conseiller à la présidence à celui de super-ministre doté de quatre portefeuilles d’importance, Abdoulaye Wade en a fait une cible toute désignée à l’heure de la reddition des comptes. Dès le mois d’avril 2012, son nom figurait en bonne place dans une liste de 21 personnalités du régime Wade soupçonnées par la justice d’avoir commis des malversations.

Le troisième fils d’ancien Président à être incarcéré est José Filomeno dos Santos d’Angola  

Surnommé Zenu, José Filomeno dos Santos est poursuivi pour « fraude, détournement de fonds, trafic d’influence, blanchiment d’argent et association criminelle » avec d’autres personnalités, dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale (BNA) Valter Filipe da Silva. Selon le ministère angolais des finances, le fils de l’ex-président est soupçonné d’avoir mis au point, alors qu’il dirigeait le fonds souverain, une gigantesque fraude qui aurait pu lui permettre de détourner, avec ses complices, jusqu’à 1,5 milliard de dollars. Cette escroquerie avait été maquillée en un plan qui devait permettre à l’Angola de bénéficier de 35 milliards de dollars de financements, avec une fausse garantie de la banque Crédit suisse. Elle avait été découverte à la faveur d’un transfert suspect de 500 millions de dollars vers le compte londonien du Crédit suisse, bloqué par les autorités britanniques…

En définitive, c’est après 42 ans de règne pour Mouammar Kadhafi, 38 ans pour José Edouard Dos Santos et 12 ans pour Abdoulaye Wade, qu’ils ont été rattrapé par l’histoire et par les tribunaux de leurs pays respectifs, comme pour dire qu’aucune situation n’est éternelle dans ce monde ici -bas. A qui le prochain tour ?

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.comp