KAYES : Le Parena veut réunir les forces vivres autour de l’idéal de développement

Le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a entamé samedi 13 mai, à Kita une série de consultations des forces vives sur les enjeux du développement de la région de Kayes qui le conduira dans les autres cercles. Un document de politique générale de développement sera élaboré au terme des consultations pour impliquer la population dans la gouvernance locale.

La région de Kayes n’est pas pauvre. Elle regorge d’importantes ressources naturelles à commencer par les six fleuves et les deux grands lacs. Les ressources colossales du sous-sol, notamment l’or, le diamant, le fer, la bauxite, le calcaire et les carrières sont inestimables. Une demi-douzaine de mines d’or sont exploitées par des compagnies minières internationales dans les cercles de Kayes et de Kéniéba. Le cheptel y est abondant. De vastes plaines sont propices à l’agriculture.
Parmi les potentialités de la région, il faut ajouter la diaspora dynamique et entreprenante profondément attachée au terroir et à la mère patrie. Au commencement, l’émigration était une stratégie de survie des communautés villageoises à travers leurs bras valides. Ensuite, elle est devenue une stratégie de développement communautaire par la réalisation de mosquées, maternités, écoles, périmètres maraîchers, puits et forages.

En 2015, les Maliens de l’extérie
ur ont transféré au pays au moins 460 milliards 238 millions de F CFA, soit 132 milliards de la zone Uémoa et 187 milliards 329 millions de la zone Euro.
« Ces chiffres présentent une région relativement développée. Mais le comble est que la région de Kayes couvre une superficie de 120 760 km2 soit le dixième de la superficie totale du Mali. Sa population est estimée en 2017 à 2 604 385 personnes sur 17 millions de Maliens. Les moins de 18 ans représentent 54 %, soit 1 418 554 personnes. Ceux qui ont moins de 35 ans sont 2 029 998, soit 77,3 %. 35,1 % des 2 604 385 habitants de la région (un peu plus de 900 000 personnes) vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas 500 F CFA par jour pour satisfaire leurs besoins de base », a déploré le président du Parena, Tiébilé Dramé.

Kayes est le principal foyer d’émigration du Mali, le principal bassin d’émigration vers l’Europe, dira-t-il. En France, l’on considère que 70 % des immigrés maliens sont originaires de la région. « Malgré ces importantes ressources naturelles et humaines, Kayes reste sous-développée, sous industrialisée. Une vingtaine d’unités industrielles : sept mines exploitées par des compagnies aurifères internationales, Manantali et Félou et une dizaine de manufactures… »
Cela s’explique par le fait que des milliers de jeunes de la région, à la recherche d’une vie meilleure prennent le risque de traverser le Sahara et la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, a-t-il poursuivi.

La région souffre…
« Aujourd’hui, Kayes détient le record malien des morts en Méditerranée et des prisonniers en Libye. Au moins 300 ressortissants du cercle de Bafoulabé sont morts en mer pendant les sept premiers mois de 2016. En 2014, ce sont 70 jeunes de Sélinkegny et environs qui sont morts aux larges de la Libye dans le naufrage de leur embarcation. Plus de 5000 migrants irréguliers ont péri en 2016 en tentant de traverser la Méditerranée. Depuis le début de l’année, plus d’un millier de clandestins ont disparu en cherchant à rejoindre l’Europe. Parmi eux, de nombreux jeunes de la région de Kayes. Ce phénomène doit être pris au sérieux, d’autant plus que le danger frappe de plein fouet le Mali… »

Tiébilé Dramé a estimé que la diaspora doit être encouragée par le gouvernement, la coopération décentralisée et les partenaires techniques et financiers qui doivent intensifier les efforts pour étendre et renforcer les infrastructures, l’électrification, les nouvelles technologies. C’est à cette condition que l’épargne de la diaspora peut servir la région.

Leaders religieux, des organisations de la société civile, les partis politiques et chefs-coutumiers associés à l’élaboration des travaux ont apprécié l’initiative. Selon les participants, l’approche participative de la gouvernance locale s’impose aujourd’hui comme une alternative.

« Malgré nos potentialités, la région reste sous-développée et sous industrialisée. Une vingtaine de manufactures constituent le parc industriel de la région. La population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’accès des services sociaux est loin d’être une réalité ici. La plupart des routes réalisées dans le cadre du désenclavement intérieur et extérieur sont dégradées. Elles doivent être réhabilitées. La route Bafoulabé-Kita est un calvaire. Manantali-Nientasso est impraticable. Plusieurs autres routes doivent être construites. Kita-Diéma, Yélimané-Nioro, Sandaré-Nioro, Nara-Nioro. Il faut construire un pont à Bafoulabé et un pont sur la Falémé », a admis Mamadou Diallo, un habitant de Kita, appréciant la démarche du Parena.

Pour lui, la démarche n’est pas politique, mais plutôt le développement de Kita. « Les partis politiques de l’opposition sont profondément attachés à l’unité du pays. Ce qui justifie leurs combats de tous les jours. Par ailleurs, ils doivent descendre à l’intérieur pour expliquer le bienfondé de leur combat… »
Le président de la section Parena de Kita, Me Amidou Diabaté, a rappelé que le développement de la région nécessite la mobilisation des Kayésiens pour rendre opérationnelles et effectives les nouvelles régions de Kita et de Nioro. « Le Parena n’a pas le département de l’Economie ni de la Décentralisation. Mais l’union des uns et autres permettra d’être une force de proposition et d’alternative… »
Bréhima Sogoba
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