KATI:« Privations, tortures, humiliations » / Les avocats interpellent le ministre de la justice…

Le contenu de la lettre ne laisse aucun doute sur l’accusation de violation des droits de l’ homme en rapport avec les arrestations de cadres militaires et des hommes du rang, en détention à Kati. Soumis à des privations en tout genres, à des tortures et autres humiliations inhumaines comme en témoignait dans nos colonnes, le 7 juin dernier Maitre Arandane Touré, ils sont abandonnés à eux-mêmes sans aucune assistance ni  de l’Association Malienne  des Droits de l’Homme, ni du Conseil Malien des droit de l’ Homme, encore moins des associations de défense des droits humains et même des autorités gouvernementales  dont le rôle  est d’assurer la prééminence du droit sur  l’arbitraire, de  l’ arme du droit sur le droit des armes.

Et pourtant, quel que soit la faute commise, et il y a obligation à établir le délit, tout homme selon les principes de droit et du respect de la personne humaine a droit à un traitement en conformité avec les lois et les traités dont notre pays est signataire.

C’est pour cette raison que  les avocats Sèye,  Diabaté et Touré,  dans leur logique de la quête du droit,  interpellent le barreau dans son intégralité et au premier chef le Bâtonnier pour dire leur inquiétude et leur indignation. En effet, leur lettre à l’autorité de tutelle de la profession , dont nous avons obtenu copie, note que «  les événements regrettables en rapport avec les incidents du 30 au 2 avril ont atteint aujourd’hui un niveau qui ne permet plus  aux défenseurs de tous les droits que nous sommes de rester les bras croisés ».

L’interpellation de trois ténors du barreau Malien se fait plus incisive quand  ils rappellent que «  les hommes du rang et les sous officiers  restent à la merci de leur geôliers qui en font ce qu’ils veulent, jour et nuit, sans aucun répit, y compris par des actes que la morale reprouve ». Ils dénoncent des faits attentatoires à la vie humaine. Et la lettre au Bâtonnier de l’ordre des avocats de poursuivre : « pour un avocat la simple dénonciation ne suffit pas, notre rôle, notre essence, notre raison d’être  est la défense des droits  humains, celle des libertés  individuelles et collectives. Nous n’avons pas le droit d’oublier que certains de nos compatriotes sont détenus dans un camp militaire à Kati pour des pseudo-raisons de sécurité. Que ces compatriotes n’ont pas les moyens de se « payer » un avocat et qu’il faut par conséquent les aider, les soutenir et les sortir de ce gouffre »

Au delà du Ministre de la justice, hier, dans la lettre que nous «évoquions plus haut et du Bâtonnier Issaka Keita, aujourd’hui, c’est le premier ministre « de pleins pouvoirs » de la transition, lui-même qui est interpelé. Lui aujourd’hui, le garant du respect des lois de la République et des engagements internationaux, en ce domaine. Avec lui l’ensemble du gouvernement et des Maliens.

Les Conseils, du reste, ne demandent que le strict respect des lois et règlements en la matière pour ainsi éviter à notre pays un nouveau Taoudénit, à peine quinze kilomètres de la capitale, éviter un nouveau camp Boiro, de triste mémoire et d’installer un goulag  de crimes  et d’horreurs.

C’est pourquoi Maîtres Sèye , Diabaté et Touré en appellent au « sens élevé du devoir » du premier d’entre eux,  le Bâtonnier Keita  «  l’exhortent à exiger la liste  complète de toutes les personnes détenues à ce jour à Kati afin qu’elles puissent être défendues par des avocats et enfin recouvrer leur dignité de Malien et d’homme tout court. Car tout  compte fait, eux aussi sont présumés innocents »

Et notre confrère 22 septembre de  s’interroger : le ministre Malick Coulibaly réputé pour son souci du respect  des droits et des libertés fondamentales restera-t-il les bras croisés devant cette situation insupportable et inhumaine, indigne du Mali démocratique ? En tout état de cause, commente L’Indépendant, dans son avant dernière livraison, «  en ne mettant pas fin à cette torture, à ces violations de la loi, le Gouvernement, l’Etat du Mali se rendent simplement responsables ou coupables d’une succession de délits ou de crimes ».

S.Elkounta

Le Républicain Mali 13/06/2012