« J’ai perdu ma maison, je ne suis pas venu ici pour m’amuser » : un Afrikaner défend son statut de réfugié accordé par Trump aux États-Unis

Il y a une semaine, Charl Kleinhaus vivait encore dans la ferme familiale de la province de Mpumalanga, en Afrique du Sud. Aujourd’hui, sa nouvelle résidence est un hôtel modeste près d’une autoroute à Buffalo, dans l’État de New York.

Lui et plusieurs dizaines d’Afrikaners, fermiers blancs sud-africains, ont été relocalisés aux États-Unis dans le cadre d’une politique controversée lancée sous la présidence de Donald Trump. Ce dernier avait accordé en février dernier à ces Afrikaners le statut de réfugié, estimant qu’ils étaient persécutés dans leur pays. Une accusation que Pretoria rejette fermement.

« J’ai quitté l’Afrique du Sud après avoir reçu des menaces de mort via WhatsApp », explique Kleinhaus à la BBC. « Mes enfants sont en sécurité ici, c’est déjà mieux ». Sa femme est décédée dans un accident en 2006, et il raconte que l’insécurité grandissante l’a poussé à partir.

Le sort des fermiers blancs sud-africains est un thème récurrent chez la droite et l’extrême droite américaines. Elon Musk, milliardaire d’origine sud-africaine et proche allié de Trump, a également évoqué un « génocide » des Afrikaners, une affirmation largement contestée.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a quant à lui qualifié de « lâches » ceux qui quittent le pays. En début d’année, une loi controversée a été votée autorisant l’expropriation sans compensation de terres, une mesure censée corriger les inégalités héritées de l’apartheid, mais qui inquiète la minorité blanche.

Kleinhaus insiste : « Je n’ai rien à voir avec l’apartheid. » Il admet toutefois que les Sud-Africains noirs ont aussi souffert, mais assure que sa terre a été confisquée sans que le gouvernement ne l’aide à la protéger. Il évoque également des attaques contre son matériel agricole et une police inactive face à ses plaintes.

Critiqué par certains Afrikaners qui le jugent opportuniste, il affirme ne pas vouloir être une victime. « J’ai reçu des messages menaçants, et juste avant de partir, un texto disait : ‘Nous venons te chercher’ ».

Depuis son arrivée, Kleinhaus a été surpris par la rapidité du processus d’asile et remercie Trump : « Enfin quelqu’un s’est rendu compte de ce qui se passe ». L’administration américaine, cependant, fait face à des interrogations sur ses critères de sélection, notamment car l’ONU n’est pas impliquée dans ce dossier, contrairement à d’autres réfugiés.

Un point d’ombre entache également son parcours : Kleinhaus a publié des messages antisémites sur les réseaux sociaux, désormais supprimés. Il explique avoir agi sous l’effet de médicaments et d’une colère ponctuelle, et insiste sur le fait qu’il ne nourrit pas de haine généralisée.

Le gouvernement américain examine les profils des réfugiés, notamment leurs propos en ligne, mais refuse de commenter les cas individuels. Pendant ce temps, d’autres réfugiés, comme les Afghans, voient leur statut remis en cause, ce qui renforce la polémique autour de ce programme.

Pour sa part, Kleinhaus se dit prêt à contribuer à son nouveau pays, tout en reconnaissant l’incertitude politique : « C’est effrayant, mais je crois que c’est le plan de Dieu. Si je suis ici, c’est qu’il le veut ».

La rédaction

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