Interview Cheickna Dicko, maire de la Commune rurale de Léré

Léré est un lieu de rencontre, un croisement entre les commerçants en provenance de la Mauritanie, de l’Algérie, de Bamako, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Niger. Léré fait frontière avec les communes de Fassala et Bassikounou de la Mauritanie, au nord par les communes de Telemsi, El Geounouv, Razelma, à l’est par Djanké, Soumpi, et Souboundou chef lieu Niafunké, au sud par la commune de Farmanké et la commune de Kareri à l’Ouest par la commune de Nampala. Plusieurs  langues y sont parlées : bambara, tamacheck, peulh, sonrhai, dogon et bozo.

Quelles sont les ressources et les activités de production de Léré?

Léré est une commune majoritairement peuplée par des nomades dont l’activité principale est l’élevage, le commerce et un peu d’agriculture. Vous retrouvez dans notre commune 60 à 70 % de produits mauritaniens. Les produits maliens sont rares à cause de l’état des routes, les camions ne pouvant pas emprunter la route entre Léré et Niono. Les cars de transport aussi éprouvent beaucoup de difficultés, il n’y a donc plus que des 4×4 qui peuvent circuler dans cette zone pour relier la Mauritanie, l’Algérie à Léré.

Comment font ces commerçants pour écouler leurs produits ?

Léré constitue un point de transit pour ces produits qui sont destinés aux régions de Gao, de Tombouctou, Kidal, Mopti et Ségou en passant par la commune de Nampala qui est pour la Mauritanie une fenêtre sur le Mali. Pour les régions du nord, les produits transitent par Léré.

Quels sont les avantages que la ville, notamment la mairie de Léré, peut tirer de ce commerce intense ?

La ville en tire d’énormes profits. A Léré, dans chaque concession on peut trouver deux ou trois boutiques. Les habitants de Léré font ce commerce, femmes et hommes, rarement tu trouveras quelqu’un qui ne fait pas ce commerce. Le commerce domine un peu l’élevage dans cette ville. Nous envisageons de construire une auto-gare pour organiser la perception des taxes sur les véhicules qui entrent et qui sortent. Dans les hameaux, les sites, c’est l’élevage des bovins et des petits ruminants. Le recouvrement des impôts se fait lentement. Lorsque nous sommes arrivés aux affaires en juin 2009, le taux de perception était de 11 %, avec le préfet, nous l’avons tiré à plus de 60 % grâce à la sensibilisation.

Le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement dans le Nord (Pspsdn) a été lancé il y a quelques semaines. Comment percevez-vous ce programme et qu’en attendez-vous ?

L’arrivée de ce programme pour nous signifie le changement car nous comptons sur des emplois, la fin de l’oisiveté et un départ pour le développement. Nous pensons que c’est une nouvelle vie qui va commencer qui fera oublier tout ce que nous avons vécu.

Avez-vous des projets sous le bras que vous allez soumettre au programme ?

Quand nous sommes arrivés aux affaires, nous avons trouvé que la commune avait d’énormes problèmes dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’hydraulique etc. Ma commune est peuplée essentiellement de nomades où chacun se préoccupe de ses animaux. Nombreux sont ceux qui m’ont approché pour me dire qu’ils se sont toujours acquittés de leurs impôts, mais que la commune n’a rien fait en retour. Ils s’attendent à ce que leurs puits soient réhabilités, que de nouveaux puits soient creusés, qu’on aménage les mares et ceux-ci sont indispensables pour que le Pspdn serve à quelque chose. C’est un point que je signale pour que le programme en tienne compte, car c’est important pour nous. Cependant, il faut la santé avant tout.

L’éducation aussi. En 2009 à notre arrivée, il n’y avait presque pas d’école à Léré. Aujourd’hui la ville est à 23 000 habitants. Seul le chef lieu de commune qui est Léré a 13 000 habitants et il n’y a que trois écoles. Nos démarches nous ont permis d’avoir trois autres écoles pour la ville de Léré. Nous avons une ville française jumelée à Léré, qui s’appelle Bourbon Archambolt et qui nous appuie chaque année, avec une somme utilisée pour la santé, l’éducation et l’hydraulique. Ceux-ci sont des domaines sur lesquels le programme doit mettre l’accent : c’est ça la marche vers le développement.

Propos recueillis par Boukary Daou

Le Républicain 29/09/2011