INSECURITE DANS LES JURIDICTIONS Les tribunaux des régions de Tombouctou, Gao et Mopti sur la liste noire

L’évaluation des conditions sécuritaires des juridictions par les deux principaux syndicats de la
magistrature, notamment le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et le Syndicat libre de la
magistrature (Sylima) s’est soldée par un triste et alarmant constat. Selon les responsables syndicaux,
en plus de certaines juridictions de la région de Ségou, la situation est plus inquiétante dans les régions
de Tombouctou, Gao et Mopti. Certains de leurs tribunaux sont complètement sous l’emprise des
djihadistes qui ne sont toujours pas anéantis partout au Mali.
Le siège du Syndicat autonome de la magistrature a servi de cadre, samedi, pour les syndicats de la
magistrature de faire le constat d’une mise en œuvre tardive des engagements pris par le gouvernement
au cours de la récente et longue grève illimitée. Au cours de la rencontre, les deux principaux syndicats
de la magistrature se sont longuement penchés sur l’état d’exécution de l’accord intervenu entre eux et
le gouvernement.
Tout d’abord, ils ont rappelé aux sages de la magistrature et de l’opinion publique nationale qui ont été
témoins du protocole d’accord, notamment la sécurisation des citoyens, particulièrement celle des
agents en mission. Selon les syndicalistes, la sécurité des citoyens est l’une des fonctions régaliennes de
l’Etat. Or, ajoutent-ils, depuis la signature du protocole, les syndicats constatent la non mise en œuvre
des accords sécuritaires signés avec le gouvernement après expiration du délai convenu, soit le 15
janvier 2019. « Nous constatons aussi avec amertume la détérioration des conditions sécuritaires dans
certaines juridictions et cela, bien après la signature de l’accord. C’est pourquoi nous rappelons gouvernement que le respect strict des engagements pris est gage de bonne foi…», précise le
communiqué signé par les deux présidents, notamment Hady Macky Sall et Mamoudou Kassogué.
« La fonction du juge est tellement difficile que quand on n’est pas sécurisé, ce n’est pas possible. La
situation était tendue depuis longtemps, mais avec l’arrivée de la nouvelle forme d’insécurité, les juges
sont devenus la cible de choix. Nous ne crayons à aucune représailles de la part de quiconque », répond
Mamoudou Kassogué, président du Sam, rappelant que le juge Soungalo Koné a été enlevé en mission, le
préfet de Ténenkou et bien d’autres citoyens. « Nous assumons notre décision. Parce que c’est une
légitime défense. Les conditions sécuritaires ne sont pas réunies. Au contraire, elles se sont
dégradées… »
Pour des raisons sécuritaires, avance-t-il, nous sommes obligés de ne pas citer les juridictions dans des
situations difficiles. « Mais comprenez qu’il est très difficile de dire le droit dans les régions de
Tombouctou, Gao et Mopti. Les juges dans ces juridictions sont dans une situation très difficile ».
L’évaluation des conditions sécuritaires des juridictions par le Syndicat autonome de la magistrature
(Sam) et le Syndicat libre de la magistrature (Sylima) s’est soldée par un triste constat, indique-t-il. Selon
les responsables syndicaux, en plus de certaines juridictions de la région de Ségou, la situation est plus
inquiétante dans les régions de Tombouctou, Gao et Mopti. « Certains de ses tribunaux sont
complètement sous l’emprise des djihadistes qui ne sont toujours pas anéantis partout au Mali ».
En attendant une réaction du gouvernement, les deux syndicats de la magistrature appellent leurs
militants, se sentant en insécurité dans leurs juridictions, à rallier immédiatement Bamako, ou d’autres
localités plus sécurisées. Mais, ils réaffirment leur volonté de dialoguer, leur détermination à faire
aboutir par tous les moyens légaux leurs revendications légitimes.
Zan Diarra