Insécurité à Bamako / Brûler vif comme sanction des vols à mains armées

Aujourd’hui, nombreux sont les jeunes qui réfléchissent par deux fois avant d’enfourcher leur moto, en direction des boites de nuit. Ils savent le risque encouru. C’est justement à cause de cette recrudescence d’attaques que les jeunes de certains quartiers ont pris la malheureuse décision de brûler vif les voleurs qu’ils attraperont désormais.      

Joignant l’acte à la parole, dans la nuit du Samedi 25 au Dimanche 26 février 2012 les jeunes de Djoumanzana en Commune I du district de Bamako ont brûlé vif un voleur de moto. Selon un jeune qui a échappé à ces bandits, mais qui a contribué à faire la peau de l’un d’entre eux, c’est grâce à l’intervention de la population qu’il a eu la vie sauve.  Des voleurs au nombre de quatre, ont tenté d’enlever la moto Djakarta de son grand frère de la chambre de celui-ci. « Un ami de mon grand frère ayant aperçu la moto a crié. Essayant de s’enfuir, le voleur poignarda un jeune du quartier ».  C’est ce geste qu’il n’aurait jamais dû commettre. Il sera vite rattrapé dans sa fuite. Ligoté au bord du marigot du quartier, il a fait l’objet d’un interrogatoire musclé comme tribunal populaire.  A ce moment son téléphone sonne, au bout du fil, un complice qui lui demande si la mission était accomplie.  

De quelle mission s’agit-il, demandent les jeunes ? En tout cas juste après cet appel, un collier de pneus lui sera mis autour du cou avant de l’asperger d’essence et de mettre la flamme. C’est vers 10 h du lendemain matin Dimanche que la population découvre le corps calciné du bandit qui a été identifié, ainsi que son domicile connu à Djalakorodji près du poste de la gendarmerie. Informée, la police du 12é arrondissement vient enlever le corps du voleur. Cette même nuit à Banconi razel non loin du château d’eau, un autre voleur a été brûlé vif par des jeunes. Deux voleurs brûlés en une nuit et dans une même commune, cela traduit une propension de la population à se rendre justice.

 

« Y’en a marre des voleurs », et des attaques de ces bandits, et la population se rend justice, ne croyant certainement pas en la justice de la police et des juges. Selon un jeune partisan de cette sanction du bruler vif, « si la police ne fait pas son boulot, nous les jeunes  nous le ferons à sa place ». une forte interpellation du commissariat de police du 6è arrondissement à Korofina et le 12è à Boulkassoumbougou. A l’en croire, même si tu les amènes dans ces commissariats, tu risques de les  rencontrer dans la rue quelques jours seulement après. Donc pour lui, la meilleur solution serait de les brûler une bonne fois pour toute. Mais force est de constater que dans un Etat de droit, la population ne doit en aucun cas et quelque soit la gravité de l’acte, se rendre justice. Si cela continue, nos tribunaux et cours n’auront plus de raison d’être.     

Moussa Samba Diallo

Le Républicain 29/02/2012