In memoriam : Lamine Coulibaly: C’est maintenant que «Sama» est mort


Ou la télé qui fabrique aussi facilement ses stars qu’elle les dévore. A 61 ans, Lamine Coulibaly s’en va comme tous les surdoués que les sociétés simples ont de la peine à accueillir. Il s’en va avec ses verrues comme nous en avons tous. Mais nous nous attardons aujourd’hui sur ses grains de beauté. Il était un homme bon et expansif, avec toujours le bon mot. Mais ce qui nous intéresse surtout, c’est son talent de présentateur de journal qui est pour l’instant inégalé, car la voix était pleine, l’offre généreuse, un sens de la relance et de la reprise qu’on ne trouve que chez les professionnels venus par vocation.

Il n’était jamais le simple  présentateur d’astreinte. Il était la passion du service public. Parce que Lamine ce n’était pas que l’excellence au journal parlé. C’était l’abnégation à l’antenne. Emissions culturelles et musicales, reportages multiples, interviews courageuses, c’était tout cela Lamine Coulibaly qui incarne une génération que l’Ortm n’a pas su encore remplacer. Non pas parce que le talent a séché mais parce que l’on a décidé quelque part de punir ce pays.

Le redoutable homme d’audiovisuel parti entre les larmes de Aissata Cissé et la triste émotion de ses compagnons de choc : Baba Daga, Daouda N’Diaye, Djibril Mbodge, Thiona Mathieu Koné, Baba Diourté et d’autres. Il ne sera plus là pour l’entendre. Mais nous le lui disons pour ses enfants. Nous lui disons janjo. Pour la passion du labeur. Pour la qualité du produit. Pour l’exemple donné. Pour le flambeau que lui et d’autres ont allumé et que nous avons éteint.

Adam Thiam

Le Républicain Mali 10/04/2012