Hommage au Professeur Dialla Konaté : «Ta mort ne sera pas impunie. Ton combat et ta vision ne seron

cher père !

Je me rappelle comme si c’était hier quand je te disais de rentrer aux Usa prés de ta famille, le Mali étant très compliqué, tu gagnes bien ta vie là-bas et de là-bas tu pourras contribuer  à la résolution de la crise actuelle. Tu me disais, Smith,  je préfère renoncer à mon travail et à ma famille pour me mettre au service de la nation ; on ne peut pas laisser ce pays comme ça. Nous sommes vieux, mais cependant nous avons un devoir envers vous. Et c’est pour ce devoir que tu t’es engagé et c´est pour ce devoir que tu as été lâchement assassiné. Partout où j´étais et sans t´appeler quand tu sentais que je me trouvais dans des difficultés, tu as toujours été à mes côtés. Tu m´a toujours soutenu et conseillé. Tu as laissé un vide que personne ne pourra combler.

Quand j´ai été victime d´injustice et de complot dans mon propre pays, tu m´as appelé. La première fois, tu m´as dit: « Mon fils je ne t´ai pas éduqué comme ça et je te connais. Je crois en ton innocence et je ferai mon devoir de père et te sortirai de là». Tu t´es déplacé avec toute la famille pour me rendre visite à Ségou. Quand tu m´as aperçu, j´ai vu pour la première fois tes larmes couler et tu as pris ton bâton de pèlerin pour lutter contre cette injustice, jusqu´à la fin de ta vie. Je me rappelle, il y a encore une semaine, tu me demandais la situation et l´évolution du dossier.
Chaque fois que j´avais un problème et que je n´arrivais pas à trouver une solution à un problème, je me retournais vers toi et tu me conseillais en me donnant la solution sage et idéale. Ce vide est irremplaçable.

Aux gens de la CPM, Dialla ne doit jamais mourir en vous. Levez-vous pour porter le flambeau et allez en avant. Certes on ne pourra plus profiter de son expérience, de sa sagesse et de sa vision, mais nous avons connu l´homme, nous avons échangé avec lui et nous savions ce qu´il voulait qu´on soit et ceci est largement suffisant pour aller de l´avant. Comme je le connais, il sera toujours à vos côtés partout où il est.

Quant à ses partenaires et adversaires politiques, ils ne doivent jamais oublier qu’un patriote, un vrai Malien,  vient de s´en aller par empoisonnement. Pour l´amour de ce pays, il a sacrifié sa vie au détriment de sa famille et de sa  carrière professionnelle. Il a toujours prôné po la réconciliation et le dialogue. Il a toujours prôné le débat franc entre les politiciens et nos dirigeants actuels. Il a toujours débattu en public et a dit ce qu´il pensait. Il ne se battait pas obligatoirement pour un quelconque poste. Il disait: «Je veux servir et non être servi». Il était franc et sincère.

Quant à moi, je viens de perdre non seulement un père, mais un patriote africain qui avait une vision pour son continent. Je viens de perdre un conseiller ; je viens de perdre un trésor. Je ne me pardonnerai  jamais de n´avoir pas été là pour t´amener à ta dernière demeure, mais je serai là, très bientôt et te rendrai visite chaque fois que j´en aurais l´occasion. Quand quelqu´un voulait t´humilier, tu riais et disais: «Essaie de le comprendre et de le raisonner  en le convaincant qu´il a tort. Ne lui en veut pas parce qu’il a un autre raisonnement que le tien ». Et aux gens qui voulait le  combattre, il disait: «Je me bas pas avec quelqu´un. Il vient, on s´assoie et on en débat ». C´était sa façon de voir les choses. Il était très diplomate, même avec ses enfants il était très ouvert d´esprit et a été là, pour tout le monde.

Tu avais prédit les événements actuels au Mali. Depuis plus de 5 ans tu ne cessais d´en parler. Tu m´as parlé du danger de la partition du Nord, de la corruption et la mauvaise gouvernance, tu m´as parlé de la défaillance de la justice malienne, tu m´as parlé  de la défaillance de nos institutions, tu m´as parlé en un mot de l´actuel Mali depuis des années. Et voila qu´on se retrouve aujourd’hui là ou tu craignais qu’on arrive depuis des temps. Tu voulais contribuer à redresser le mal que subissait ce grand peuple dont tu étais si fier de t´identifier, mais vaillant professeur, malheureusement, tu as oublié l´autre côté profond de ce pays.

Et ce côté profond t´a emporté. Je détiens actuellement entre mes mains le résultat de l´analyse toxicologique établi par un laboratoire français et je détiens la raison de ta mort entre mes mains. Mais je prends ici, en ce jour précis, l´engagement sur l´honneur et sur ma vie que ta mort ne sera pas impunie.  Que ton combat et ta vision ne seront pas éteints et que les causes pour lesquelles tu t´es battu ne restent jamais sans objet.
Dors en paix Professeur, et paix à ton âme! Tu nous manqueras à moi, à ton Kognomousso et ton Homonyme.

Ismaël HAIDARA,
Depuis Darmstadt (Allemagne)
le 15  September 2012

Le Prétoire 19/09/2012