GESTION DE LA TRANSITION Contraint à se taire, Choguel sera-t-il limogé ?

Le bras de fer engagé par les nouvelles autorités de la Transition contre la communauté internationale et dont le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga est le principal instigateur, s’adoucit et s’effiloche avec un nouvel interlocuteur en la personne d’Abdoulaye Diop ministre malien des Affaires étrangères. Ciblé par les mesures de l’UEMOA et de la CEDEAO, la liberté de mouvement du locataire de la Primature est désormais limitée. Mais, c’est le président de la Transition qui n’a pas apprécié les sorties médiatiques rédhibitoires et rébarbatives cumulées aux arrestations intempestives à l’endroit des personnalités politiques, rappelant hélas les pratiques dictatoriales du régime défunt, l’UDPM dont l’actuel PM a appartenu.

Selon nos informations, le Colonel Assimi Goïta prône l’inclusivité dans la gestion du pouvoir contrairement à Choguel qui pratique la politique de diviser pour régner, qui profite de la situation pour implanter son parti et qui conditionne certaines nominations à l’appartenance au MPR. Il a sabordé le M5-RFP et s’apprête à envoyer au supplice le comité scientifique de ce regroupement politique. Choguel est devenu d’autant plus incontrôlable qu’il a mené la vie dure à Goïta. Ce dernier aurait fini par s’irriter à telle enseigne qu’un divorce se profile à l’horizon entre les deux hommes. Les bons amours ne durent pas.

La récente interview de l’actuel détenteur du portefeuille de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a mis en valeur tout le potentiel de ce cadre doué, rompu aux arcanes de la haute coopération internationale. Il a répondu sèchement sans langue de bois à Flaurence Parly ministre des armées et à Jean Ives Le Drian ministre français des Affaires etrangères avec tact, précision et perspicacité, faisant oublier le langage injurieux pratiqué par Choguel et sa horde de défenseurs sur les réseaux sociaux. Le PM lui-même n’a pas caché son indélicatesse lorsqu’il s’en est pris aux porteurs d’uniformes sur une audio qui a fait le buzz de l’actualité. Choguel aurait dû démissionner. Son « achat » de parcelles pour ses enfants estimé à des hectares n’a pas fini d’entamer sa crédibilité. A ceux-ci s’ajoute son dossier relatif au CRT. Autant de maladresses de sa part qui justifient le comportement de méfiance de la part du Colonel de Koulouba qui n’aime pas les bruits de bottes ou les résonnances de casseroles. Des attitudes va-t-en-guerre ou des propos, genre casus belli, ont exposé la Transition.

Au finish, c’est toujours le nom d’ASSIMI qui est mêlé aux bouffonneries et fanfaronnades d’un PM dont l’exhibition des muscles était devenue l’exercice favori. Choguel prenait des décisions unilatérales mais faisait croire qu’elles étaient actionnées en concertation avec le Prince du jour. Donc involontairement, Koulouba portait le chapeau des « Uppercut » qui permettaient au PM d’envoyer ses adversaires au tapis. Voilà pourquoi Choguel est devenu indésirable et impopulaire auprès de la junte qui est aujourd’hui prête à l’exfiltrer. Il semble qu’on attend que le jour. Décidément, l’erreur politique se paye cash. Et c’est le PM lui-même qui s’est tiré une balle dans le pied.

ISSIAKA SIDIBÉ

Le Matinal