Gaza, conflit Iran–Israël : « L’administration américaine joue un drôle de jeu d’équilibriste », analyse Myriam Benraad

Depuis l’escalade du conflit, le positionnement des États‑Unis navigue entre soutien militaire à Israël et préoccupations humanitaires croissantes. Pour la politologue Myriam Benraad, cette posture révèle un équilibre instable, pris entre pression sur Tel‑Aviv et alliance traditionnelle.

1. Soutien logistique et diplomatique sous tension

Dès le déclenchement des hostilités à Gaza, les États‑Unis ont confirmé leur soutien inconditionnel : dispatch de porte‑avions en Méditerranée, déploiement aérien, et promesses d’une aide militaire illimitée à Israël  Mais alors que Washington affirmait vouloir « minimiser les pertes civiles », l’ampleur des destructions à Gaza manifestait un écart croissant entre la rhétorique et la réalité

2. Discordes internes et critiques diplomatiques

Au sein de l’administration Biden, les voix dissonantes se font entendre. Des fonctionnaires évoquent le risque de « complicité dans des crimes de guerre », tandis que des sénateurs progressistes pointent une possible violation de la loi Leahy fr.wikipedia.org. Blinken, en visite fréquente, reconnaît lui-même un « écart » entre les appels à protéger les civils et la situation sur le terrain .

3. Position de Benraad : un équilibre fragile → un jeu dangereux

Pour Myriam Benraad, ce positionnement traduit une parfaite stratégie d’équilibriste :

  • En appuyant Israël militairement, Washington renforce un allié stratégique dans une région instable ;

  •  En même temps, la Maison Blanche tente de ménager ses partenaires internationaux et ses propres sensibilités politiques, en multipliant les appels au respect du droit humanitaire.

Un équilibre schizoïde que dénonce Benraad : ce double jeu alimente le “double standard” reproché aux puissances occidentales, qui appliquent des principes différemment selon les auteurs. L’effet ? Une perte de crédibilité, une accusation d’isolement moral et stratégique, et un renforcement des alternatives comme les BRICS .

4. Implications régionales et internationales

Dans un contexte de montée des tensions avec l’Iran — qui soutient le Hamas et entretient des liens avec le Hezbollah — l’engagement américain se transforme aussi en message stratégique à l’Iran. Mais, pour Benraad, cette posture comporte un risque : en soutenant sans réserve Israël, Washington perd son crédit diplomatique pour peser sur la désescalade ou l’ouverture de négociations régionales .

5. À long terme : une stratégie remise en cause

Selon Benraad, l’administration américaine est en train de s’isoler. L’appel croissant à un cessez‑le‑feu est confirmé par des voix du Congrès, y compris chez les alliés de Biden  maintien d’un soutien inconditionnel à Israël pourrait même fragiliser les ambitions américaines d’un retour à la solution à deux États, dont ses propres dirigeants rappellent l’importance — malgré l’absence d’avancées tangibles .

 Conclusion

En incarnant de la sorte un rôle hybride — soutien inconditionnel à Israël, tout en se posant en gardien humanitaire — l’administration américaine joue un équilibrisme risqué. Myriam Benraad souligne que ce double langage pourrait nourrir à terme une perte d’influence diplomatique, notamment face à l’Iran et au mouvement global vers des alternatives politiques au Moyen‑Orient.

rédaction

diasporaction.fr