Fusillade en Virginie : le tireur est mort

alison parker

Le suspect, identifié comme Vester Lee Flanagan II, a succombé à des blessures qu’il s’était infligées lui-même à l’aide d’une arme à feu.

La journaliste Alison Parker et le caméraman Adam Ward ont été tués vers 6 h 45 mercredi matin alors qu’ils menaient une entrevue pour l’émission matinale d’une chaîne de télévision locale en Virginie, dans l’est des États-Unis. Le suspect a ouvert le feu à bout portant sur les deux journalistes avant de prendre la fuite.

Pourchassé par la police, le tireur a retourné son arme contre lui afin de mettre un terme à ses jours, selon la police de l’État. Il a toutefois survécu à ses blessures, mais est mort plus tard à l’hôpital.

Vester Lee Flanagan II est un ancien employé de la même station de télévision où travaillaient ses deux victimes. Il utilisait le pseudonyme « Bryce Williams » dans le cadre de ses activités professionnelles.

La journaliste Alison Parker avait 24 ans et le caméraman Adam Ward, 27 ans.

Un manifeste envoyé aux médias

Les policiers n’ont pas encore déterminé les motifs derrière la fusillade. Toutefois, de nouvelles informations permettent de dresser un meilleur portrait du tireur.

Selon le directeur de la chaîne de télévision WDBJ7, Jeffrey Marks, le suspect a commencé à travailler à la station en 2012. Il avait auparavant travaillé pour plusieurs médias du sud des États-Unis. Il a été renvoyé il y a un peu moins d’un an, pour des raisons qui n’ont pas été rendues publiques. Vester Flanagan aurait alors décidé de poursuivre la station pour discrimination.

Le réseau américain ABC a d’ailleurs annoncé avoir reçu un document de 23 pages à ses bureaux de New York, envoyé par télécopieur deux heures après la fusillade, supposément par le tireur. Les responsables du bureau ont remis le document, aux allures de manifeste, aux autorités.

ABC a tout de même dévoilé certains passages du document dans lesquels le tireur affirme avoir été victime de discrimination en raison de son homosexualité et de sa couleur de peau.

Il indique également avoir acheté une arme deux jours après la tuerie de Charleston, un évènement qui l’aurait encouragé à se venger de la discrimination raciale, du harcèlement sexuel et de l’intimidation qu’il disait avoir vécus sur son lieu de travail. L’homme se décrit lui-même comme étant un « baril de poudre humain sur le point d’exploser » et prêt à prendre part à une guerre raciale.

Flanagan évoque aussi les tueries de Virginia Tech, en Virginie et de Columbine, au Colorado, en exprimant sa profonde admiration envers les auteurs de ces massacres.

L’auteur de la tuerie se serait filmé pendant l’acte et aurait partagé les images via Twitter et Facebook, accompagnées de messages témoignant une certaine rancoeur. Dans un des tweets envoyés, Flanagan accuse une des victimes, Alison Parker, d’avoir tenu des propos racistes.
Morts en direct

Les images filmées par le caméraman montrent la journaliste en entrevue avec la directrice de la chambre de commerce régionale lorsque des coups de feu retentissent. La journaliste prend la fuite et la caméra tombe tout en continuant de filmer. On peut voir une image du tireur, dont une bonne partie de son visage. Vêtu d’un pantalon noir et d’un chandail bleu, l’individu tient apparemment une arme de poing. Il prend ensuite la fuite.

La chaîne de télévision revient ensuite sur l’animatrice de l’émission, en studio, qui apparaît choquée par les images qu’elle vient de voir en même temps que les téléspectateurs. « Bon, je ne suis pas certaine de ce qui vient d’arriver, reprend-elle rapidement. Nous vous tiendrons bien sûr au courant de l’origine des bruits que nous venons d’entendre dès que nous en saurons davantage. »

Quant à la femme interviewée par la journaliste au moment de la tuerie, Vicki Gardner, elle se trouve dans un état stable, après avoir été opérée pour soigner ses blessures.

Deux vies fauchées

Alison Parker venait d’avoir 24 ans. Elle était la rédactrice en chef du journal de l’Université James Madison, où elle étudiait toujours. Elle fréquentait un présentateur – Chris Hurst – de la chaîne de télévision où elle travaillait. Ce dernier a indiqué dans un message Twitter qu’ils se fréquentaient depuis neuf mois. Les deux amoureux venaient d’emménager ensemble et ils désiraient se marier.

Quant au caméraman Adam Ward, il était diplômé de l’Université Virginia Tech. Il était en couple avec une productrice de la même chaîne.

Dans une vingtaine d’écoles situées dans la région de l’attaque – fréquentées par quelque 10 000 élèves – on a mis en place des mesures de confinement.

Diffusion de la vidéo : la position de Radio-Canada

Refusant de montrer une mort en direct, la Société Radio-Canada a décidé de ne pas diffuser les images de la tuerie. En entrevue mercredi à l’émission Midi Info, le directeur général de l’Information, Michel Cormier, a indiqué que c’était le devoir de la Société d’expliquer le contexte de l’attaque, mais rappelé qu’il n’était pas nécessaire de montrer l’acte. Une position à laquelle la Société a eu recours par le passé, notamment pendant les évènements de Charlie Hebdo.

« Moi ma position, c’est qu’on ne montre pas la mort de personnes dans ces situations-là. Il y a plusieurs raisons: dans des cas d’actes terroristes, c’est pour ne pas encourager les terroristes à croire que leurs gestes vont être diffusés dans les médias et que ça en encourage d’autres…et pour les autres, comme ce cas présent qui n’est pas lié à des questions politiques, c’est pour la bienséance et pour la dignité des personnes, des victimes de cette attaque. »
— Le directeur général de l’Information, Michel Cormier.

En entrevue à l’émission 24|60, la psychiatre France Proulx a expliqué que lorsque des images tournent en boucle, par exemple lors des événements du 11 septembre 2001, des gens peuvent développer des « symptômes d’anxiété très importants ».

En plus de fragiliser l’état de certaines personnes qui sont déjà à risque de développer des symptômes anxieux, diffuser de telles images peut également avoir une mauvaise influence chez d’autres types de personnes. « Il y a toujours le risque que certaines personnes qui sont fascinées par la violence alimentent leurs idées de violence, leur fantasme de passage à l’acte », a-t-elle expliqué.

http://ici.radio-canada.ca/ 27/08/2015