Front politique-social-sécuritaire / Attention dangers !

 

Le thème qui a été  exposé sans débat était : le « rôle des leaders religieux dans la consolidation de la paix et la stabilité de notre pays ». Le premier conférencier, le Dr Hamza Maïga, a centré son exposé sur la nécessaire union des musulmans, car l’histoire révèle que la diversité du monde islamique, au lieu d’être synonyme de richesse, a toujours servi de porte d’entrée aux ennemis qui s’en servent.

Déplorant les évènements survenus en Libye, le conférencier considère l’action de l’Otan contre Kadhafi comme un assassinat pour s’emparer des richesses libyennes et payer des armes pour empêcher le financement de l’enseignement islamique et combattre l’islam. Combien de mosquées le Guide libyen a-t-il construites au Mali ? Combien d’enseignants de medersa étaient payés grâce au guide et de combien d’actions sociales les musulmans ont-ils bénéficiés de lui? L’Otan est donc contre tous ces actes qui aident l’islam.

En Irak, en Tunisie, en Egypte, en Libye, tout le monde sait le rôle joué par ces pays dans la promotion de l’islam. « Ils voulaient faire à Kadhafi ce qu’ils ont fait à Saddam Hussein, mais Dieu ne l’a pas voulu »,  a soutenu le Dr Hamza Maïga. « C’est de l’humilier pendant la Tabaski qui est une grande fête islamique. C’est ce qu’ils ont fait à Saddam et qu’ils voulaient récidiver avec Kadhafi », poursuit le conférencier. Les musulmans ne doivent plus restés assis dans les mosquées, dans les vestibules.

Le temps est à  l’action et  nous devons être unis dans l’action. Pour cela, nous devons mieux comprendre l’islam et l’adapter à notre contexte qui ne justifie plus qu’on reste assis. Pour lui, l’heure est grave, le Mali vit un contexte général d’instabilité imminente.

Faisons en sorte que nous en soyons à l’abri, recommande le conférencier. La menace se caractérise d’abord par l’arrivée, en terre malienne, de militaires libyens lourdement armés. Ensuite les élections de 2012 qui s’annoncent dangereuses.    

Pour Thierno Hady Thiam, rien n’est plus grave pour les musulmans que leur désunion. A la mort du prophète, explique-t-il, nombre de ses proches collaborateurs (Oumar, Ali, Ousmane, à l’exception d’Aboubacar Sidik), ont été tués par d’autres musulmans et non par des Français ou des Américains. Au Mali, selon ce conférencier, les musulmans vont continuer de prier et faire des bénédictions, mais aussi, « rester désormais debout, faire de la politique et apporter le changement ». Selon lui au Mali plus de 90 % de la population est musulmane, mais, fait-il remarquer, plus de 70 % de nos mosquées sont construites par des hommes riches qui construisent aussi une villa pour l’imam et paye ce dernier par mois. Un tel imam le fait-il pour Dieu ou pour son bienfaiteur financier ? Se tournant vers les hommes, selon lui les politiques pensent pouvoir acheter des voix avec du thé et des tee-shirts. «Ils ne font plus d’éducation à la citoyenneté et attendent que les élections arrivent, ne les suivons plus, ne cédez plus le terrain, ne dormez plus, restez débout jusqu’aux élections », a déclaré le prêcheur Thierno Hady Thiam.

Parlant de la situation au nord du pays, il a expliqué qu’un grand danger nous guette et fait que le Mali n’est pas à l’abri de ce qui est arrivé en Libye. Comment les combattre si ces militaires libyens au nord Mali en arrivaient à exprimer des prétentions belligérantes ? Ils prendraient une résolution pour permettre à l’Otan d’intervenir au Mali. Selon le même schéma libyen, ils pourraient changer les donnes à Koulouba. Selon lui, en plus des conséquences de la crise libyenne et la proximité des élections, il faut citer l’hivernage qui aurait très mal tourné au Mali. « Il faut commencer par éviter le gaspillage, la cherté arrive, le sac du riz sera vendu à 50 000 Fcfa. Evitons déjà le gaspillage de la nourriture, de l’eau et de l’électricité », a prévenu Thierno Hady Thiam.

L’intervention de Chouala Ba Yaya Haïdara a directement visé les hommes politiques qui, selon lui, ont « pollué notre vie avec des tee-shirts, de l’argent et du thé pendant les périodes électorales. Même ceux qui ne parlent jamais en bamana s’expriment excellemment pendant cette période », dit-il. « En donnant à un homme politique notre bulletin, c’est notre religion, notre vie et notre avenir qu’on lui donne. Puis ils iront se vanter de nous avoir achetés et ils enverront leurs enfants étudier à l’extérieur, pendant que les nôtres sont dehors et ne font jamais une année universitaire complète », selon Ba Yaya Haïdara de Chouala.    

Le représentant du Conseil national des Cherifa a appelé les fidèles à aller s’inscrire pour avoir chacun son arme que constitue la carte électorale. « Nous ne désignerons pas un candidat, mais chacun pourra deviner et s’orienter », a-t-il expliqué.  A son tour, le président de Ançar Dine, Cherif Ousmane Madani Haïdara, se prononçant sur le thème « rôle des leaders religieux dans la consolidation de la paix et la stabilité de notre pays », a souligné que les musulmans ont le même droit que ceux qui prétendent les gouverner. Selon lui, « personne n’a dirigé ce pays qui vaut mieux que nous.

Ce pays nous appartient, mais nous ne sommes pas intéressés par le pouvoir. Notre place est plus importante que le fauteuil de Koulouba. La preuve, combien de présidents sont passés pendant que nous étions là ?». Pour le prêcheur, notre pays n’a ni débouché, ni pétrole, mais ce que nous avons est plus important : c’est la stabilité. Nous ne devons plus attendre qu’ils nous sapent cette stabilité. Si vous restez assis, ceux qui seront élus sans vous, feront de vous ceux qu’ils veulent ». Et de poursuivre : « Les élections à venir ne pourront pas être truquées, cela ne sera pas possible, personne ne fera plus ce qu’il veut, c’est de notre pays qu’il s’agit, nous ne serons pas vendus. Allez tous vous inscrire pour voter. Nous n’avons pas un candidat, nous n’avons de candidat que celui qui donnera sa place à l’islam».   

Le président de l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMA), Mohamed Macki Bah, a invité les leaders religieux à l’organisation d’un forum pour disposer d’une politique de réhabilitation de l’enseignement islamique, d’amélioration des conditions de vie des imams, de gestion des mosquées, de formation des prêcheurs et des formateurs, de l’unité autour de l’islam. « Nous ferons de la politique, et pas de la politique politicienne », concluait-il. Etaient présents à cette rencontre, Amadou Nourou Tall, fils de Thierno Hady Tall de Nioro du Sahel, des représentants de l’Union des femmes musulmanes du Mali, du Haut conseil islamique, de la Limama. Le seul chef de parti visible à cette rencontre était Me Mountaga Tall.

B. Daou

Le Républicain 01/11/2011