Français tués au Niger : Les non-dits d’une opération

Hier, lundi 10 janvier, le Premier ministre français François Fillon a déclaré que la France était «quasiment sûre» qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est derrière l’enlèvement vendredi au Niger de deux Français. Ces otages ont été tués le lendemain, lors d’une opération militaire contre leurs ravisseurs.  L’enlèvement, vendredi soir, dans un restaurant de Niamey des deux Français âgés de 25 ans, a fait privilégier la piste de Aqmi.

Ce rapt était «une commande d’Aqmi exécutée par des gens très divers, une douzaine de types», a souligné le Premier ministre français François Fillon. Antoine De Léocour allait se marier avec une Nigérienne. Vincent Delory devait être son témoin. Ils ont été tués samedi au cours d’une opération militaire dont l’assaut final a eu lieu au Mali et a été l’œuvre des seules forces françaises après accord préalable de Bamako, a ajouté le Premier ministre, cité par l’AFP.   

Le Premier ministre soutient tout de même que les forces nigériennes ont été les premières à intervenir. Mais par la suite, elles ont demandé de l’aide. C’est donc en cette phase que les forces françaises sont entrées en scène et tout aura été mis en œuvre pour empêcher les ravisseurs d’entrer en territoire malien où le terrain pouvait leur être beaucoup plus favorable. Et ce sont « les forces françaises qui ont participé» à l’ultime assaut, les ravisseurs ayant «dépassé la frontière malienne», a révélé le Premier ministre français, ce lundi, en réponse à une question en marge de la cérémonie de vœux à Matignon, selon l’Afp.

Bamako ne confirme pas

Contactés, la Direction de l’Information et des Relations publiques des Armées (DIRPA) et le ministère de la Défense du Mali ne confirment pas. Selon eux, l’intervention militaire a été menée par l’armée nigérienne et non pas par les forces françaises. Ces sources soutiennent également que cette opération s’est située en ‘’territoire nigérien avant que les ravisseurs n’atteignent la frontière malienne’’. Enfin en troisième lieu, nos sources proches du ministère de la Défense du Mali soutiennent que si toutefois intervention il y a eu en territoire malien, ce ne serait pas des forces françaises, mais des militaires nigériens conformément à un accord autorisant un droit de poursuite, signé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger. Nos sources à Bamako ignorent superbement toute intervention des forces françaises sur le territoire malien. C’est tout le contraire que soutient le Premier ministre français, selon lequel, « les militaires nigériens seraient restés en deçà de la frontière tandis que les forces françaises obtenaient le feu vert de Bamako pour intervenir en territoire malien ». Jugez-en.

B. Daou
11/01/2011