Fin de la transition Le discours d’adieu de Dioncounda

Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Chers collaborateurs,
Mesdames, Messieurs,

Quand, par le hasard de l’Histoire, nous avons été appelés à servir notre pays dans les circonstances que vous savez et aux postes de responsabilité qui sont encore les nôtres ce matin, personne parmi nous ne se faisait d’illusions ni sur la délicatesse de la mission ni sur son extrême complexité.

Vous le savez autant que moi, il s’agissait pour nous de remettre sur pied, avec une extrême délicatesse, un grand malade, un malade dont le pronostic vital était fortement engagé, pour parler comme les médecins.

Ce qu’on nous demandait, à vous et à moi, c’était d’être les missionnaires d’une cause que nos compatriotes parmi les plus optimistes avaient jugé désespérée et que les autres considéraient comme de déjà perdue.
Quant à la communauté internationale dont il faut saluer ici la solidarité et le soutien qui ne nous ont jamais fait défaut, elle était complètement désorientée puisque que le Mali n’a pas arrêté de lui envoyer des signaux contradictoires, ambigus et inintelligibles.

Par monts et par vaux, contre vents et marées, vous êtes restés une équipe soudée et solidaire autour de son capitaine, concernés à chaque seconde par les enjeux des défis à relever. Des défis qu’il fallait relever pour le Mali, pour la communauté internationale et pour l’Histoire. Vous avez su être des co-équipiers exemplaires convaincus que la somme de l’effort individuel aux différents postes de responsabilité assurait le résultat final.

A quelques quarante huit heures de la fin de notre mission et sans aucune forme d’autosatisfecit, nous pouvons affirmer fièrement : « Mesdames et Messieurs, nous avons gagné le pari. ». A la manière des Anglo-Saxons, nous pouvons crier : « Yes, We Did It ! ». Oui, Nous l’avons fait ! Oui, nous avons relevé un challenge fou ! Oui, nous avons accompli une mission quasi impossible ! Oui, nous avons réussi la double-mission de la Transition que la Feuille de route adoptée par notre Parlement le 29 janvier 2013 déclinait en ces termes redoutables :

1.     Le rétablissement de l’intégrité territoriale du pays ;
2.     L’organisation d’élections générales transparentes et crédibles.

Pendant de longs mois, cette double-mission aura été notre souci permanent ; son accomplissement notre raison d’exister.
Tout au long de ces longs mois, nous ne nous sommes jamais départis de l’idée voire de l’obsession de réussir « Notre Mission ». A aucun moment, personne ni rien n’a jamais réussi à nous distraire. Pourtant, et Dieu nous est témoin, ce ne sont pas les écueils qui ont manqué sur notre chemin !

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement,

La gratitude est une qualité particulièrement noble qui grandit l’Homme. Savoir l’exprimer nous élève à un niveau de plénitude tel qu’aucune montagne ne saurait faire obstacle à l’accomplissement de notre dessein. Je vous dois l’expression de cette gratitude, celle-là qui vient du plus profond de mon âme ; cette gratitude-là que les mots ont du mal à traduire et exprimer.

Cette gratitude, elle n’est ni feinte, ni de circonstance ! Elle est sincère de cette sincérité qui transparait dans la joie des populations libérées du joug de l’occupation. Elle n’a d’égal que le bonheur de ces  hommes, femmes, jeunes, vieux et enfants qui rentrent chez eux après de longs mois de souffrance dans les camps de réfugiés dans les pays voisins.

Ma gratitude, celle que je vous exprime, elle se mesure à l’aune du bonheur des populations du Nord qui assistent au retour progressif de l’Administration, des banques, des services socio-sanitaires, du commerce, des ONG, de la sécurité… et même des premiers touristes dont je salue le courage et la générosité.

Ma gratitude, enfin, c’est celle qui se jauge à l’échelle du bonheur des populations du Mali tout entier qui se réjouissent du retour à la normalité de leur quotidien d’une part, et du retour du Mali dans l’arène internationale d’autre part.

Merci à chacune et à chacun !
Merci à toutes et à tous !
Merci d’avoir donné le meilleur de vous-même pour sortir notre pays de l’abime dans lequel il a été si violemment précipité !
Merci d’avoir accompli un devoir dont vous ne mesurez pas encore la portée !
Soyez fiers de l’œuvre que vous avez accomplie !
Et, sans modestie aucune, racontez à vos enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants que vous avez été de la grande aventure de la Deuxième Libération du Mali ; celle qui a réussi à chasser des fanatiques illuminés au service du narcotrafic d’une part, et d’organiser des élections crédibles et transparentes dans un contexte surréaliste d’autre part.

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Mesdames, messieurs les membres du Gouvernement,

Dans quelques quarante huit heures dis-je, prendra fin votre mission en qualité de ministres, membres du Gouvernement de la République. La Nation reconnaissante saura porter témoignage de votre dévouement, de votre engagement et de votre détermination sans bornes à la servir. Restez des républicains et des grands commis de l’Etat disponibles et disposés à servir la Nation.

Mais dans la nouvelle vie qui sera la vôtre dès le 04 septembre, date de l’entrée en fonction du nouveau Président de la République, ne soyez pas surpris d’être attaqués dans la presse, d’être brocardés et même vilipendés. Souffrez que ceux qui n’ont rien apporté à l’Humanité usent et abusent de leur droit d’inventaire de votre bilan. Souffrez qu’ils inventent et grossissent les traits de ce qu’ils auraient aimé être votre passif.

Surtout, Mesdames et Messieurs, soyez fiers de faire la « Une » d’une certaine presse heureusement minoritaire qui ne trouve rien de mieux que de s’acharner sur les trains qui arrivent à l’heure. Rappelez-vous cette sagesse de notre terroir qui nous apprend que « seules les personnes insignifiantes sont exemptes de critiques et de reproches ».

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs,
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance dans cette nouvelle vie que vous allez entamer dès à présent. L’expérience que vous avez engrangée au cours de votre mission au sein du Gouvernement est un sésame qui vous permettra d’arriver à bout de la plupart des défis professionnels auxquels vous serez confrontés.

Sachez qu’il y a eu une vie avant le Gouvernement, et qu’il y en aura une autre après. L’horloge de votre vie en tant que citoyen et en tant que serviteur de l’Etat doit continuer de fonctionner. Continuez de vous battre pour vous-même, pour les vôtres et pour le Mali, pour la paix dans le monde, le développement et la solidarité.

Félicitations à toutes et à tous !
Merci pour la mission accomplie !
Que Dieu bénisse le Mali !

L’ Indicateur Du Renouveau 2013-09-03 16:16:55