EXPO CONTROVERSÉE AUX PAYS-BAS : BEYONCÉ EN NEFERTITI ET EARTH WIND AND FIRE DEVANT LES PYRAMIDES.

« L’Egypte ancienne dans l’œuvre d’artistes de la diaspora africaine »

L’exposition Kemet a pour but de montrer comment l’Egypte antique a inspiré les artistes de la diaspora africaine dans leur travail. Les visiteurs découvrent ainsi des pochettes de disques de Tina Turner, Miles Davis ou Earth Wind and Fire reprenant l’iconographie de l’Egypte antique, une photo de Beyoncé en Nefertiti, une vidéo de Rihanna devant des pyramides ou un faux masque de Toutankhamon du rappeur Nas. Cette exposition est présentée par un commissaire passionné de musique et d’origine égyptienne, dans un musée archéologique qui participe depuis cinquante ans aux fouilles et à la mise en valeur de la nécropole de Saqqarah, au Sud du Caire.

« Falsification de l’histoire »

Malgré l’intérêt culturel et artistique de cette exposition, le service égyptien des Antiquités l’accuse de falsifier l’histoire et de véhiculer une approche afro-centriste. Il déplore une appropriation de la culture égyptienne avec une volonté d’assimiler l’héritage de l’Egypte antique avec la culture noire. Cette accusation a provoqué une interdiction d’accès de ses sites aux archéologues du musée néerlandais, ainsi qu’une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux, souvent teintés de racisme. Mais malgré cela, le Musée de Leyde refuse d’annuler ou de changer l’exposition, et dénonce un regain de nationalisme et de racisme anti-noirs en Egypte, où le sujet reste ultra-sensible.

Le rapport délicat entre l’Egypte ancienne et la culture noire

Les relations entre l’Egypte ancienne et la culture noire sont complexes et font souvent l’objet de débats. En avril, une série de Netflix avec une reine Cléopatre incarnée par une actrice noire avait également enflammé le Parlement égyptien. De même, certains artistes afro-américains ont été accusés d’utiliser maladroitement ou commercialement des références à l’Egypte, comme la chanteuse Beyoncé qui porte une coiffe de Nefertiti pour une de ses collections, ou qui reprend la musique de l’Égyptienne Oum Kalthoum pour ouvrir son tube Naughty girl. Toutefois, l’exposition Kemet a pour objectif de mettre en valeur l’importance de l’Egypte antique dans l’art de la diaspora africaine, et de souligner la quête spirituelle et l’esprit de résistance des artistes afro-américains. Mais malheureusement, cette exposition reste une source de conflit et de division entre les différents points de vue.

Source:Nicolas Lepetit