Evolution de la situation au Nord : Tessalit enfin libérée

Selon un officier supérieur de l’armée que nous avons contacté sur téléphone
satellite, les militaires ont été fortement appuyé par l’aviation. «Nous avons eu
recours à nos hélicoptères de combat et avons fait beaucoup de victimes du côté des
rebelles. Jusqu’à cet après-midi, les combats continuaient encore. Mais, au moment
où je vous parle, toutes les positions occupées par les assaillants ont été détruites
et nous avons beaucoup de prisonniers» a souligné notre interlocuteur. Hier dans
la matinée, nous avons recontacté notre source qui nous fait bilan plus détaillé de
la situation : une centaine de mort, 75 véhicules et une cinquantaine de prisonniers,
côté bandits armés.
Il faut noter que pour reprendre Tessalit, plusieurs centaines d’hommes, dont
certains de nos compatriotes venus de Libye, ont participé aux combats. Selon
toujours une source militaire, l’armée n’as pas lésiné sur les moyens en envoyant
107 véhicules tout terrain et 6 BRDM pour les combats terrestres. Notons surtout
que depuis samedi, les hommes du Colonel Gamou étaient arrivés dans la localité
sans pour autant y pénétrer. Ils étaient venus apporter du renfort au camp militaire
de Tessalit que les bandits avaient décidé de couper du monde et surtout mettre fin
à la politique «d’évitement» entre l’armée et le MNLA. «L’objectif était d’attirer vers
l’armée le maximum de rebelles, puis de faire appel aux hélicoptères de combat pour
pilonner les positions ennemies», a expliqué une source militaire que nous avons
rencontrée à l’Etat major, le mardi.
Cette source a ajouté que «nous avons choisi de combattre à Tessalit, parce que
nous pouvions transférer rapidement les blessés à Gao grâce à l’aéroport que nous
contrôlons à nouveau depuis le week-end dernier».
En tout cas, la reprise de la localité de Tessalit est un tournant important dans la
lutte que livre le Mali contre les bandits armés. Les stratèges militaires de notre
armée nationale s’étaient donnés 6 semaines pour anéantir complètement les forces
ennemies. Nous en sommes à la troisième semaine et le Mali vient de frapper un
grand coup contre le MNLA. Sans tambour ni trompette. Les militaires sont vraiment
décidés à en découdre avec les apatrides. Ils travaillent nuit et jour dans les airs
aussi bien que sur terre, sans aucune propagande. La seule chose qui compte pour
eux aujourd’hui, c’est le résultat. Celui-ci est bien là avec la libération de Tessalit,
une zone hautement stratégique qui permet d’aller à la reconquête des localités sous
contrôle MNLA. C’est ainsi que nous avons appris de sources ultra discrètes que
le Colonel Didier Dakouo, Commandant de la zone militaire de la région de Gao,
s’apprête, dans une stratégie inédite, à libérer Ménaka en boutant les éléments
du MNLA de cette localité qu’ils ont déjà commencé à administrer. Pour ceux qui
ne le savent pas, la ville de Firhoun Ag Al Insar est gérée depuis deux semaines
par le mouvement présidé par Mahmoud Ag Ghali. Idem pour Anderaboukane
et Tinzawatène. De sources proches de la haute hiérarchie militaire, toutes ces
contrées seront libérées dans trois semaines, au maximum. Le pays sera donc unifié
et restera un et indivisible.
Par ailleurs, l’Algérie et la France souhaitent une résolution rapide de cette crise et
invite le gouvernement malien à se mettre autour d’une table avec les bandits armés.

Une position que l’opinion publique aussi bien que l’armée rejettent en ce moment.
Pour elles, avant toute négociation, les localités sous contrôle MNLA doivent être
entièrement libérées. Comme l’a si bien le ministre des Affaires Etrangères et de
la Coopération Internationale, Soumeylou Boubèye Maïga, «nous sommes prêts à
partager le pouvoir, mais pas le territoire». Qui dit mieux !
Chahana Takiou et Paul Mben

22 Septembre 16/02/2012