Escroquerie en commune VI: Un couple de Libériens carotte les 3,5 millions FCFA d’un boutiquier

Touré est un boutiquier de Yirimadio qui a commencé par la vente de ciment avant de se lancer dans le commerce général. Ses affaires marchaient pourtant bien, mais son souhait de rouler dans un 4×4 pour montrer la bonne santé de ses affaires l’a amené à s’aventurer sur le chemin des billets noirs. En effet, bien avant la fête du Ramadan, son ami Doucouré, à qui il avait confié son plan de changer sa vieille Toyota Pick-up contre un 4×4 lui avait présenté un certain Martins, de nationalité libérienne. Celui-ci, selon ses affirmations, a déjà fait le bonheur de plusieurs hommes d’affaires et hauts cadres de notre capitale.

Martins proposa donc au commerçant d’investir dans une caisse de taille moyenne, très jolie à voir, remplie, selon lui, de billets noirs en coupures de 100 dollars. Ce qui devait, après lavage, donner 100 000 dollars. Séance tenante, dans le petit bureau aménagée par Touré dans sa boutique, Martins lui demanda de retirer deux billets noirs de la caisse, avant d’apporter une assiette remplie d’eau. En un tour de passe passe, l’escroc lava les deux billets. Et ce furent deux billets de 100 dollars flambant neufs qu’il remit à Touré pour cet essai. Les yeux hagards, tout étonné, Touré s’exclama: «donc c’est vrai cette affaire de billets noirs»!

Il exhorta Martins à laver davantage de billets, mais ce dernier lui expliqua qu’il n’y avait plus de produit pour ce faire. Le business fut vite conclu, à 5 millions de francs CFA, Cependant, expliqua Martins, il fallait qu’il fasse venir sa patronne, une Américaine qui, par chance, se trouvait en France. C’était cette dernière qui devait apporter le produit. Aussi avait-il besoin, dans un premier temps, de la somme d’un million de francs CFA, pour le transport de la dame et pour apprêter d’autres petites choses entrant dans l’opération. Touré devait, quant à lui, louer une villa digne de ce nom pour le court séjour de l’Américaine au Mali et apprêter les 4 millions restants  pour les lui remettre dès son arrivée.

Un jour avant la fête, Touré loua 100 000FCFA une villa meublée, pour trois jours seulement,  à Faso Kanu. Puis il remit la somme d’un million de francs CFA à l’escroc, tout en le priant de faire vite. Le jour du Ramadan, Touré était en pleine fête quand Doucouré et Martins vinrent lui annoncer que l’Américaine se trouvait déjà à l’aéroport de Sénou. Sans perdre de temps, il emprunta la Mercedes de l’un de ses frères, embarqua Doucouré et son complice et se transporta à l’Aéroport.

Etrangement, une jeune dame impeccablement habillée en jean attendait, non pas dans le hall des arrivées mais plutôt dans celui des départs, ce qui aurait normalement dû éveiller les soupçons du boutiquier. La dame accueillit Martins très froidement, dans un anglais empreint d’un accent tout à fait particulier. Touré, qui ne comprenait rien, hocha la tête, «oui ça c’est le vrai anglais de l’Amérique». Il demanda à Martins ce qui se passait. Ce dernier lui confia que la jeune dame était fâchée parce que cela fait des heures qu’elle attendait. Peu après le calme revint et Touré conduisit ses hôtes à Faso Kanu.

Une fois dans la maison, la dame présenta deux petits paquets bien emballés et un flacon à Martins. Celui-ci confirma que c’étaient bien les produits attendus. La dame déclara que son vol retour était prévu pour le lendemain à six heures du matin. Aussi aimerait-elle entrer en possession de ses sous tout de suite. Après une vive discussion, sur intervention de Doucouré, Touré accepta de remettre 2 500 000 FCFA à la dame, le reste attendant la fin de l’opération. Toutefois, il exigea que celle-ci ait lieu la même nuit, avant le départ de la dame. Rendez-vous fut donc pris pour deux heures du matin.

A l’heure du rendez-vous, Touré revint à la villa. Malheureusement il n’y avait plus personne pour l’accueillir.  Il fouilla toutes les pièces de fond en comble. L’Américaine n’était nulle part, le téléphone de Martins ne répondait plus et celui de son ami d’enfance, Doucouré, était désormais sur répondeur.  Il comprit enfin qu’il venait d’être copieusement roulé dans la farine.

Pierre Fo’o Medjo

 

Le 22 Septembre 05/09/2011