À l’ouverture du Forum Invest in Sénégal, qui se tient les 7 et 8 octobre à Diamniadio, le Premier ministre Ousmane Sonko a livré un discours offensif sur la politique énergétique du pays. Déplorant le coût jugé excessif de l’électricité, il a pointé du doigt les choix stratégiques des anciens gouvernements et annoncé un virage vers une utilisation domestique du gaz naturel.
« Il est inadmissible que le Sénégal affiche un tarif de 91,84 francs CFA par kilowattheure en haute tension, soit l’un des plus élevés au monde. Seuls l’Allemagne et le Japon font pire. La Côte d’Ivoire, elle, est à 72 francs », a fustigé le chef du gouvernement, dénonçant une situation qu’il juge pénalisante pour l’économie nationale.
Un frein à l’investissement
Pour Ousmane Sonko, le coût élevé de l’électricité constitue un obstacle majeur à la compétitivité du tissu industriel sénégalais et à l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers. Il a averti : « Si ce problème n’est pas résolu rapidement, les entreprises iront ailleurs. »
Le Premier ministre a également critiqué la stratégie énergétique antérieure, notamment la décision de liquéfier le gaz naturel sénégalais pour l’exportation. « Cela peut générer des revenus à court terme, mais cela sacrifie notre souveraineté énergétique », a-t-il estimé.
Une priorité : l’utilisation locale du gaz
Le gouvernement entend désormais réorienter sa politique vers une consommation locale du gaz extrait des champs offshore, notamment Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et Yakaar-Teranga, dont la mise en production est prévue dans les prochains mois.
L’objectif affiché est double : réduire le coût de l’électricité pour les ménages et les entreprises, et encourager l’industrialisation du pays grâce à une énergie plus accessible. « Nous avons du gaz. Il est temps qu’il serve d’abord au développement du Sénégal », a martelé le Premier ministre.
Forum économique stratégique
Le Forum Invest in Sénégal rassemble cette année plusieurs centaines d’acteurs économiques, investisseurs et décideurs venus d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Cette plateforme vise à promouvoir les opportunités d’investissement dans des secteurs clés : énergie, infrastructures, agriculture, numérique, tourisme et industries créatives.
En filigrane, le gouvernement cherche à convaincre que le Sénégal est prêt pour une nouvelle phase de développement, fondée sur des ressources locales mieux valorisées et une gouvernance économique recentrée sur l’intérêt national.
Vers une réforme structurelle
En conclusion de son intervention, Ousmane Sonko a annoncé l’ouverture prochaine d’un chantier de réforme du secteur énergétique, avec une révision des contrats gaziers, une refonte de la tarification et une politique d’incitation pour les industries à forte consommation.
« Le Sénégal ne peut pas se développer durablement avec une électricité hors de prix. Il nous faut une énergie souveraine, propre et compétitive », a-t-il conclu, sous les applaudissements nourris des participants.
La rédaction
Diasporaction.