Conflit Barrick–Mali : Loulo-Gounkoto au centre d’une crise minière à fort enjeu

Une onde de choc secoue le secteur minier malien. En cause : un bras de fer inédit entre l’État malien et le géant canadien Barrick Gold Corporation, opérateur du complexe aurifère Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants d’Afrique de l’Ouest. À l’origine du différend, une tentative du gouvernement malien de placer le site sous administration provisoire, une décision que Barrick qualifie d’« illégale » et d’« arbitraire ».

Une procédure contestée devant la justice

Le 8 mai 2025, l’État malien a saisi le Tribunal de commerce de Bamako pour demander la nomination d’un administrateur judiciaire chargé de gérer temporairement le complexe. Une démarche immédiatement rejetée par la compagnie minière, qui a déposé une opposition formelle le 22 mai. Le verdict est attendu pour le 2 juin.

Pour Barrick, cette requête viole la législation malienne et les conventions minières liant les deux parties. « Aucun fondement juridique ou factuel ne justifie une telle mesure », déclare la société, qui y voit une nouvelle escalade après la détention prolongée de plusieurs employés et le blocage des exportations d’or.

Maintien des engagements malgré les tensions

Malgré ces pressions, Barrick affirme poursuivre le paiement des salaires, le soutien aux sous-traitants et le financement des activités locales sur une base mensuelle. L’entreprise insiste sur son engagement envers les communautés et ses employés, dans un contexte qu’elle juge de plus en plus hostile.

Dialogue au point mort

Barrick affirme avoir multiplié les démarches pour renouer le dialogue avec les autorités maliennes, notamment à travers une lettre adressée au ministre de l’Économie et des Finances. Sans réponse concrète, le groupe canadien a décidé d’activer les mécanismes d’arbitrage international prévus dans les accords. Objectif : faire valoir ses droits, obtenir réparation et protéger ses investissements.

Un tournant dans une relation de trente ans

Implantée au Mali depuis près de trois décennies, Barrick a largement contribué au développement de l’industrie minière nationale. Le complexe Loulo-Gounkoto est aujourd’hui considéré comme un modèle de rentabilité et de performance. Cette crise remet en cause cette longue collaboration, tout en jetant un doute sur la capacité du Mali à garantir un climat d’affaires stable.

Au-delà du litige : un signal pour les investisseurs

Ce contentieux dépasse le cadre d’un simple désaccord commercial. Il pose la question plus large de la sécurité juridique des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques africains. Barrick, dans une mise en garde officielle, souligne que toute perspective de résolution demeure incertaine, en raison des risques politiques, des fluctuations réglementaires, et du contexte géopolitique tendu.

Un test pour l’attractivité du Mali

Alors que le Mali cherche à optimiser les bénéfices de son potentiel minier pour sa population, l’issue de cette crise sera scrutée par les investisseurs internationaux. La stabilité juridique et contractuelle, la protection des droits et la capacité à résoudre les différends par le dialogue sont désormais perçues comme les véritables indicateurs de l’attractivité économique du pays.

La rédaction

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