EDITORIAL : Les Africains et les élections démocratiques

Coup d’œil sur les élections présidentielles chez nos voisins

En Afrique, on a tendance à croire que l’électeur est un produit à acheter quand on le veut. Quand est-ce que nous, électeurs, ouvrirons alors les yeux face à ces hommes qui, omnibulés seulement par la recherche du pouvoir, n’hésitent pas à promettre terre et ciel partout où ils passent ? Le mal est qu’une fois élus, ces candidats devenus tenants du pouvoir oublient les promesses qu’ils ont tenues quelques semaines ou quelques mois avant leur élection. On ne saurait commenter cette maldonne électorale sans faire cas des élections présidentielles chez nos voisins immédiats de la Guinée Conakry, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.  

En Guinée Conakry, l’épilogue des présidentielles est connu depuis plus d’une semaine, avec la victoire du Professeur Alpha Condé au deuxième tour de l’élection présidentielle face à El Hadj Mamadou Cellou Dallein Diallo. Dans ce pays, nombreux sont les analystes et spécialistes des questions démocratiques qui avaient prédit la victoire du Professeur Alpha Condé, et cela, au regard même du déroulement de la campagne électorale du second tour de la présidentielle.

Au Burkina Faso, le candidat et Président sortant, Blaise Compaoré, était face à 13 autres candidats pour le scrutin présidentiel d’hier ‘dimanche 21 novembre 2010. En attendant de connaître ou de disposer des résultats provisoires ou définitifs de cette élection, il y a lieu de saluer tout de même les électeurs burkinabés qui se sont rendus massivement aux urnes pour exprimer leurs suffrages.

En Côte d’Ivoire, la donne électorale semble prendre une autre tournure. Dans ce pays, les règles démocratiques sont loin d’être respectées par les différentes parties. En dépit des sondages (non fiables), qui prévoyaient la victoire du candidat de la majorité présidentielle, Laurent Koudou Guiawily Gbagbo, il va y avoir un second tour, pour la désignation du futur Président de la République.

En effet, les Ivoiriens devront se rendre à nouveau aux urnes le 28 novembre, non pas pour départager 14 candidats, mais plutôt de choisir entre deux géants de la classe politique ivoirienne : d’un côté, Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des républicains (RDR), soutenu par les Houphouëtistes regroupés au sein du RHDP, notamment par l’ancien Président, Henry Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) soutenu par les ethnies Baoulé, Agni, Attié, Dida et Wobè,  par Albert Mabri Touakeusse et l’UDPCI du défunt Général Robert Gueï ; et de l’autre côté, le candidat de la majorité (infime) présidentielle, Laurent Koudou Guiawily Gbagbo.

Les plus grands perdants d’un scénario orchestré en 2002

Les électeurs africains ont-il si vite oublié le passé ? Pourquoi, nous électeurs africains, n’avons-nous pas le courage de sanctionner ceux-là mêmes qui sont à la base de nos malheurs ? Le passé récent chez le voisin ivoirien doit ouvrir les yeux de tous, même les non Ivoiriens. Et que dire de cette rébellion qui n’avait pas sa place dans un pays où la paix était au-dessus de tout et où il faisait bon vivre ? Malheureusement,  par le truchement d’un ou des individus, certaines personnes nourrissaient l’ambition de mettre fin aux jours de ceux-là mêmes qui pourraient empêcher Gbagbo de gouverner librement.

Que dire alors de l’échec de ce plan survenu le 19 septembre 2002, qui semblait tramé de toutes pièces par des spécialistes réunis au sein de « l’escadron de la mort » et qui visait à exterminer des adversaires politiques gênants pour le pouvoir en place qui voulait coûte que coûte se maintenir au trône ? Heureusement pour Henry Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara qui, ce 19 septembre 2002, avaient trouvé refuge dans des ambassades situées aux alentours de leur domicile respectif. Aussi, c’est le lieu se souligner que c’est l’échec de ce fameux plan qui avait entraîné les enfants de ce géant économique de la sous région vers la guerre civile.

Dans un monde où les morts ne peuvent avoir raison sur les vivants, on peut dire que les plus grands perdants du scénario ivoirien sont et resteront toujours le Général Robert Gueï, l’ancien ministre de l’Intérieur, Emile Boga Doudou, l’acteur Camara H., le journaliste franco canadien Guy André Kiefer, tous éliminés par cet « escadron de la mort ». Que dire alors du charnier du populeux quartier de Yopougon où plusieurs dizaines de personnes ont péri ? Et ces enlèvements sauvages perpétrés en longueur de semaines ?

Ce qui est sûr, c’est qu’il appartient aux électeurs ivoiriens d’ouvrir plus largement et clairement les yeux pour ne pas commettre l’irréparable. Le choix qu’ils devront opérer ce 28 novembre doit être un choix judicieux. Il leur appartient également de faire en sorte que la souffrance subie par leur pays durant ces huit dernières années soit vite oubliée. Entre deux maux, il y a lieu de choisir celui qui paraît le moins douloureux. Après avoir passé plus de dix ans à berner le peuple ivoirien, on ne se gêne plus pour faire face à ce même peuple et soutenir : « La solution à ton mal se trouve avec moi ».

Aux yeux des observateurs avertis des choses politique et démocratique, ADO semble aujourd’hui incarner la bonne image pour les Ivoiriens et les peuples voisins immédiats de la Côte d’Ivoire. Si les Ivoiriens veulent continuer à subir les lois de ces « escadrons de la mort », ils choisiront de façon aveuglée, le candidat de la majorité présidentielle. Mais si Dieu aime la Côte d’Ivoire et surtout son bonheur, les Ivoiriens choisiront de voter massivement  pour ADO.

Les électeurs africains doivent désormais ouvrir les yeux, c’est-à-dire faire en sorte que les semeurs de troubles soient enterrés dans les fosses qu’ils ont eux-mêmes creusées.

ATT, un exemple de référence pour les Africains

Pourquoi des leaders africains n’ont-ils pas le courage de venir apprendre auprès du Président malien Amadou Toumani Touré, surtout qu’il n’y a aucune honte pour apprendre ?…Une promesse donnée devant forcément être tenue, l’exemple du Président ATT est et demeure une bonne leçon pour bon nombre de Chefs d’Etat africains et du Tiers Monde. En tout cas, en Afrique et dans certains pays du Tiers Monde, cet homme restera pendant longtemps un exemple de référence pour beaucoup de générations à venir.

Par Zhao Ahmed A. Bamba

Le Coq 22/11/2010