Edito: Un Mali qui tombe

La CEDEAO, au lieu d’aider le Mali dans un cadre fraternel, entend le mettre sous domination à travers un chantage honteux. «Il est techniquement impossible de déployer des troupes au Nord sans une structure d’appui au Sud» dixit Blaise Compaoré. Alors remettez-nous les armes volontairement bloquées en Guinée et à Dakar, pour qu’enfin nos militaires tentent de libérer le Nord.

Si le Mali n’était pas tombé aussi bas, Blaise Compaoré n’aurait pas tenu des propos si peu amicaux à l’endroit de Bamako et du peuple malien. Sans aucune conséquence.

«Il manque actuellement un leader à Bamako», parce que ni Dioncounda Traoré, ni Cheick Modibo Diarra, ni le capitaine Amadou Aya Sanogo ne sont disposés à se soumettre au diktat de la CEDEAO. Celle-ci a voulu opposer le premier aux autres, mais le mathématicien Dioncounda a déjoué le piège, en réaffirmant que sa sécurité et celle des institutions de la République relevaient exclusivement des forces armées et de sécurité du Mali. Et, depuis, le Président intérimaire, qui cherche à s’imposer, est tombé en disgrâce auprès des chefs d’Etat de la CEDEAO.

Il y a 52 ans que le Mali a conquis sa souveraineté nationale et internationale. Il a donc décidé de prendre son destin en mains, afin d’assurer la sécurité de ses populations et l’inviolabilité de son territoire, l’éducation de ses fils et l’autosuffisance alimentaire de son peuple. Bref, c’était pour nous assurer un mieux-être.

La période 1960 – 1968 a été, sans nul doute, celle de l’éveil des consciences, du patriotisme et de l’affirmation des vertus: dignité, honneur, intégrité. La parenthèse du putsch militaire a contribué à dégrader celles-ci, à appauvrir le pays, à le piller, à le réduire à la mendicité et à provoquer une double guerre inutile contre le voisin du Burkina Faso. L’histoire retiendra que le Mali moderne a commencé avec la Révolution de mars 1991 et la naissance de la Troisième République, avec la Constitution de février 1992.

Le premier Président du Mali nouveau, Alpha Oumar Konaré, a vite fait de construire l’architecture démocratique, à travers la mise en place des institutions, l’affranchissement de la presse, la construction d’une économie basée sur le travail, la modernisation de l’Etat et, surtout, la réalisation d’infrastructures éducatives, sanitaires, sécuritaires et hydrauliques. Sans oublier le désenclavement du pays et son embellissement. Le Président Alpha a mis le pays sur orbite, avant de passer le témoin à son successeur, Amadou Toumani Touré.

Celui-ci poursuivra les actions entamées par le « fils de l’enseignant et de la ménagère », celui qui a été « l’ainé de la famille sans être le plus âgé ». ATT, au cours de son double mandat inachevé, a transformé le Mali en chantier. Mais sa naïveté a eu raison de lui. Toutes ses réalisations ont été anéanties par la situation sécuritaire du Mali. Il a, comme Candide, livré le pays à une bande d’islamistes qui lui ont dit un jour «Les territoires de Dieu n’ont pas de frontières». Il les a crus.

Voici le résultat aujourd’hui. Le pays vit le pire moment de son histoire depuis l’indépendance. Les deux tiers du territoire sont occupés, des mains et des pieds sont coupés au nom d’une prétendue Charia, le pays est en récession. Il n’y a aucun investissement, ni d’emplois créés. Personne ne peut dire quand aura lieu la libération du Nord de notre pays.

Les Maliens sont anxieux. L’horizon est sombre. Les autorités de la transition ne nous rassurent pas. Elles peinent à relever le Mali. Après 52 ans d’indépendance, le Mali a plus que reculé. Il est tombé. Très bas!.

Chahana Takiou

Le 22 Septembre 24/09/2012