Edito Quelle identité pour le Mali ?

Puis le militaire ATT. Sont-ils complices ? Pour qu’ATT s’installe, il a fallu l’extraordinaire puissance de désorganisation d’Alpha sur la scène de la démocratie malienne, qu’on imagine mal sans la contrainte occulte de ceux qui, outremer, continuent à diriger les affaires à distance. Les deux meilleurs amis d Kadhafi ont-ils cédé le pays ? Contre quoi ?

Car ils sont patriotes, à n’en pas douter. Jamais le pays n’a mangé à sa faim ; jamais les enseignants n’ont été mieux payés, mieux logés ! Et par endroits, Bamako la coquette relève la tête sur la scène continentale ! Cependant, à la retraite dorée d’Alpha et d’ATT, il faut opposer la fin lamentable de Modibo et de Moussa : le premier mort dans sa geôle, sans jugement, le second condamné à mort puis libéré mais toujours non amnistié. Et si le patriotisme se mesurait plutôt au  risque pris pour le pays ?

On cherche à comprendre ce qui nous arrive, et qui est peut-être  plus complexe qu’on ne le pense. Les Touareg et les Arabes du MNLA sont-ils les seuls à vouloir l’indépendance ? Au Sud, la majorité musulmane est-elle vraiment contre Al Qaïda et Ansar Eddine, qui, à part quelques articles du Code pénal de la Charia, leur apparaissent plus proches que l’Occident, et, en tout cas, pas plus barbares ? Et, au Sud toujours, l’identité nationale se trouve malmenée par des gens bien intentionnés (mais qui copient le monstre jacobin français sans le savoir) et qui sont allés trop loin : depuis l’indépendance, par une démarche systématique, les langues nationales disparaissent au profit d’une seule. L’outil technique infaillible qui réalise ce dessein a pris pour devise : « jama sago », qui prétend ainsi se fonder sur la démocratie. Mais ce n’est pas la traduction du mot du mot « service public» qui convient ici. Il vaudrait mieux dire, en la matière, en se fondant sur une autre racine du mot « service » : « jama mako », ce dont le pays a besoin.

Ibrahima KOÏTA

Madikama 09/11/2012