Edito / L’irrécupérable dignité de l’info

Aucune interpellation sur le bilan des frappes de l’Otan comme si,  au lieu de bombes, ce sont des dattes que ses escadrilles larguaient sur Tripoli affamé. Puis des procès en sorcellerie visant soit la Chine soit l’Algérie qui auraient vendu des armes à Kadhafi décrété ennemi public numéro un quelques mois seulement après son périple occidental où de grands présidents ont mangé dans sa main. Enfin des procès d’intention contre de fragiles sahéliens qui n’avaient d’autre moyen de vivre en paix que d’applaudir un déstabilisateur dont les pétrodollars avaient même pu racheter les regrettables incidents du Ténéré et de Lockerbie.

Où s’arrêtera la dérive d’une presse occidentale sortie de son orbite et de ses normes depuis le 11 septembre 2001 où l’alliance sacrée contre la Jihad des groupuscules a imposé la croisade des superpuissances ? L’élection d’Obama avait presque fait oublier les dérives liberticides de la démocratie la plus ostentatoire au monde.

L’impasse actuelle du libéralisme ajoutée aux calculs électoralistes notamment de Sarkozy ont fait encore reculer les limites de l’éthique. L’Afrique d’ordinaire perfusée prend de plus en plus à grandes louchées, la salade grotesque que lui sert la presse des vainqueurs. Et sa rue s’enflamme, ouvre ses bras pour accueillir Kadhafi donné partout et nulle part à la fois.

A Syrte, au Niger, au Mali, au Burkina Faso. Dans deux cent voitures à la fois, parties sous le nez et sous la barbe des forces qui occupent aujourd’hui la Libye. Qui ont largué des armes aux insurgés. Fabriqué des insurgés. Et avancé au peuple libyen son effort de guerre. En attendant de le récupérer sur le pétrole et sur les marchés pour la reconstruction d’un pays bombardé au Nord d’un continent intoxiqué à mort

Adam Thiam

Le Républicain 07/09/2011