Edito / Le rouleau compresseur des jihadistes

De plus, les nouveaux extrémistes ne sont plus en embuscade comme ils l’ont été en Algérie : au Mali, ils ont chassé les gouverneurs et leurs soldats. Ensuite  ils savent que leur réputation, fondée ou non, est plus celle d’obscurs brigadiers de la coke que celle des seuls fous de Dieu. Cette perception peut les amener à s’auto-radicaliser, donc à couper plus de mains pour imposer plus l’image de procureurs intransigeants que celle de narco-nababs intouchables. Enfin, personne ne sait  si, quand et comment la jonction se fera entre la kalach des islamistes et l’agenda d’un islam politique devenant, dans nos villes, une force réelle au fil des échecs de gouvernance et des crises. Bamako, Dakar, Niamey, Ouaga sont logés à la même enseigne.

La population y est majoritairement jeune, la démocratie y donne plus d’élus que de pain, le piston mafieux y plombe l’ascenseur républicain et de plus en plus l’auto-validation y remplace l’évaluation. Le  Nord malien, à cet égard, peut bien être la simple préfiguration du bouleversement sahélien de demain. Sabre dans le vent mais coke en soute, et vive la sud-mexicanisation du Sahel avec le turban à la place du sombrero. Une expédition coloniale donc. Le défi c’est à ce niveau. Et non dans ue charia pas plus obscurantiste que le polonium en Amérique ou les vendredis de jugement en Arabie Saoudite. Pour le dire crûment donc : le pilote et le carburant de l’Occident bien pensant qui pleure Tombouctou et Gao.

Adam Thiam

Le Republicain

(13 Août 2012)